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Les oeufs d'or

Adèle Lepoutre et Clara Moreau, Collège Le Petit Prétan, Givry, 71

« Mais où est le chat ? » se demanda Cléopâtre, reine des reines, dans son palais d’Alexandrie. Elle fit appeler dans ses jardins le serviteur chargé de s'occuper du divin animal. Car ce chat était vénéré en Egypte : il crachait des œufs d'or.

- Où est le chat sacré ? interrogea Cléopâtre, je ne l'ai pas vu depuis bien longtemps. Le pauvre serviteur Léonis regarda ses pieds.
 
- Il a disparu la nuit dernière. Depuis, je ne l'ai pas revu. Cléopâtre fronça les sourcils :

- Comment ? Tu oses me dire que tu as égaré la richesse de mon pays ?

- Oui, ma reine dit piteusement Léonis.

- Je te donne trois jours pour le retrouver. Passé ce délai, tu seras mis à mort. Et maintenant, retire-toi !

Léonis, désespéré, sortit de l'enceinte du palais. Il s'assit sur une pierre et réfléchit : où ce chat était-il donc passé ? Quelqu'un l'avait-il volé ? Il se demanda ce qu'il avait bien pu faire aux dieux pour mériter une telle disgrâce. Finalement, il se releva, résolu à ne pas perdre son temps. Il décida d'aller au temple pour prier Maat, déesse de la justice, de lui ramener le chat sacré.

Tandis qu'il se relevait après avoir adressé à haute voix sa demande à la statue de marbre, le serviteur remarqua un paysan qui l'épiait de derrière une colonne. Ce dernier, se sentant découvert, fuit à toutes jambes en dehors du temple. Il était vêtu d'un simple pagne blanc. Avait-il un rapport avec la disparition du chat ? Tout en réfléchissant, Léonis sortit du temple et ses pas le guidèrent jusqu'au marché. Là, un attroupement se formait autour d'un étal. Le serviteur, intrigué, se fraya un passage à travers la foule. Ce qu'il vit le stupéfia : devant ses yeux, sur la table, était posé un œuf d'or !

Il s'approcha et demanda au marchand le nom de son fournisseur. L'homme lui répondit :

« Je crois que c'était un paysan du nom de Montu… ou quelque chose comme ça... »

Pris d'un soudain pressentiment, il l'interrogea une seconde fois pour avoir la description de l'individu. Elle correspondait parfaitement à celle de l'inconnu du temple ! C'était sans aucun doute lui, voleur et espion à la fois ! Léonis partit en courant au palais quémander à la reine un groupe de soldats à sa disposition. Elle accepta mais le prévint : le temps s'écoulait vite ! Les soldats partirent donc du palais quand le soleil était à son zénith, avec ordre de trouver un paysan du nom de Montu.

Pendant ce temps, Léonis faisait les cent pas dans sa mansarde. Au milieu de la nuit, les gardes vinrent frapper à sa porte, réveillant ainsi le serviteur. Ils étaient accompagnés d'un homme vêtu d'un simple pagne blanc et d'âge mûr, en lequel Léonis reconnut Montu.

- Nous l'avons trouvé, monsieur, dirent-ils.

Léonis sourit et regarda le ciel en remerciant les dieux intérieurement.

- Je vous dois beaucoup. Vous pouvez disposer, maintenant.

Pendant leur conversation, Montu regardait Léonis d'un œil vide.

Comme l'aube pointait, le serviteur décida d'emmener immédiatement son prisonnier chez Cléopâtre, au risque de la réveiller.

Au palais, la reine des reines était d'une humeur maussade, qui se dissipa lorsqu'elle vit arriver un curieux homme et Léonis.

- Ô ma reine, dit-il, le chat sacré n'a pas été égaré, mais volé par l'individu que voici. Cléopâtre écarquilla les yeux et interrogea le voleur.

- Quel est ton nom ? demanda-t-elle d'un air hautain.

- On me nomme Montu, ô ma reine.

- As-tu vraiment volé le chat cracheur d'or ?

Montu fit face à sa peur et répondit avec courage :

« Si je l'ai volé, ô ma reine c'était pour sauver ma famille d'une mort certaine. Nous autres paysans, nous n'avons qu'un repas par jour, nous dormons dans des cabanes où il ne vous viendrait même pas à l'idée de loger vos esclaves. Nous travaillons dans les champs du lever au coucher du soleil, tous les jours, sous les menaces de la chaleur. A cause de cela, six de mes dix enfants sont morts. C'est pour cette raison que j'ai volé votre chat. »

Il avait parlé avec assurance et élevé la voix au fur et à mesure de ses arguments.

Après ces paroles Cléopâtre attendit un instant puis répondit :

« Je ne savais pas que mon peuple vivait dans de telles conditions. Ceci est de ma faute, j'aurais dû être plus attentive aux propos de mes sujets. Par conséquent, si tu me rends le chat, je donnerai une chèvre à chaque habitant de mon pays pour qu'il puisse vivre correctement. Quant à toi, Montu, je te nomme vizir, tu as de la chance car la place est vacante. Léonis, excuse-moi de t'avoir accusé de la disparition du chat et je donnerai un œuf d'or.

Et le peuple égyptien vécut heureux pour longtemps.