Les textes des lauréats 2012
Niveau 6ème
sujet 1
Camille FAYSELER
Collège Bois des Dames – Saint-Germain-du-Bois (71)
La victoire d'Isia
Il y a très longtemps, la sécheresse arriva comme un cyclone sur la Grèce. Du jour au lendemain, le monde grec se retrouva plongé dans la misère. A cette époque, beaucoup d'enfants et de vieilles personnes moururent. Comme si cela ne suffisait pas, Apollon lança ses flèches et propagea la peste car le dieu était très en colère. Les Grecs mouraient tous les uns après les autres...
Le dieu de la guerre, Arès, marchait à pas lourds à l'intérieur de l'Etna.
« Laissez-moi passer ! » aboya-t-il quand les gardes essayèrent de l'empêcher d'entrer dans la salle.
« -Tiens, mon cher Arès, puis-je savoir ce que me vaut cette visite ? » ricana l'abominable Héphaïstos.
« -Tu crois peut-être que la peste qu'Apollon a propagée ne suffisait pas ? Ce n'est pas parce que j'ai fait quelque chose qui ne t'a pas plu qu'il fallait, en plus, que la sécheresse s'abatte sur le monde grec ! »
Arès aperçut une lueur vive dans les yeux d'Héphaïstos et fut soudain pris d'inquiétude :
« Héphaïstos que veut dire ton regard ?
- Bientôt les Grecs verront l'eau rentrer sous terre et faire place au feu. La terre grondera, le ciel sera toujours gris, ce sera comme si les Grecs entraient dans le Tartare. Plus jamais de lumière, plus de bonheur... Et ce ne sera pas de ma faute, ce sera de la tienne, Arès... »
Pendant ce temps, à Athènes, Isia était agenouillée au chevet de sa mère. Cela ne pouvait plus durer, son petit frère de deux ans était mort de faim une semaine plus tôt à cause de la sécheresse et maintenant sa mère était sur le point d'en faire autant. Isia laissa la maison à son père et lui promit qu'elle reviendrait vite. En vérité, elle avait décidé d'aller voir sa grand-mère qui habitait tout près, à deux stades environ. Sa grand-mère connaissait grand nombre de mythes et de légendes qu'elle affirmait vraies. Isia comptait bien là-bas trouver une réponse à toute cette misère soudaine.
Quand elle arriva, sa grand-mère paraissait inquiète. En la faisant entrer, elle vérifia que personne n'avait suivi l'enfant âgée de treize ans et verrouilla sa porte.
« Je suis venue te voir... » commença Isia.
- « Chut ! mon enfant. Je sais pourquoi tu es venue. Les dieux sont en colère, je n'en connais pas la cause mais je sens qu'ils préparent quelque chose d'autre encore.
- Tu veux dire que c'est à cause d'eux que tout cela se passe ? Il faut absolument aller les voir et les prier d'arrêter. Maman est sur le point de mourir !
- C'est trop dangereux pour toi...
- Grand-mère, je suis sûre que tu sais comment aller voir les dieux. Je t'en supplie ! » implora Isia.
- « Puisque tu insistes, mon enfant... soupira grand-mère. Ton temps est sans doute venu... Tu iras voir Aphrodite. Il est difficile de parler aux dieux. Il faut suivre toute une procédure, et elle est différente pour chacun d'eux. Aphrodite est la plus facile à approcher. A minuit, tu devras manger une plume de phénix et plonger dans la mer. L'eau te transportera chez Aphrodite. Je te préviens, elle habite dans un volcan. Suis bien mes directives, il ne me reste qu'une plume de phénix ! » prévint la grand-mère.
- « Et toi, tu ne viens pas ?
-Non, Isia. Je suis trop vieille maintenant, les dieux m'enverraient tout de suite au terrible pays d'Hadès. »
A minuit, Isia avala la plume de phénix et plongea dans l'eau. Elle eut l’impression de mourir, elle ne pouvait plus respirer, l'eau était glacée, elle n'entendait plus rien, juste le vague bruit de la mer.
Elle crut se noyer...
Isia fut transportée dans un endroit étrange qui semblait être un autre monde. Elle atterrit dans une pièce, et là, elle aperçut pas une petite fenêtre des fleuves de lave. I1 faisait très chaud dans la pièce.
Isia transpirait. Le contraste avec l'eau glacée de la mer était saisissant !
« Qui êtes-vous ? » demanda une voix de femme dans son dos.
- « Je m'appelle Isia. En Grèce, tous les gens sont en train de mourir, alors je voudrais demander aux dieux qu'ils arrêtent d'être en colère... Je cherche la déesse Aphrodite !...
- Oh ma pauvre petite, si tu savais... je suis Aphrodite ! J'ai trompé mon mari, Héphaïstos, avec Arès et maintenant mon mari en veut à tout le monde et c'est comme ça qu'il se venge. Bientôt, votre eau deviendra feu ; vous vivrez comme si vous étiez au pays d'Hadès ! Et tout cela à cause de moi... Et aucun dieu ne peut s'opposer au dieu forgeron, car il est dit que seul un humain pourra sauver les humains de cette marée brûlante ! »
Aphrodite se mit à pleurer à chaudes larmes.
« Puis-je parler à votre mari ? demanda Isia.
- Oui, je vais t'accompagner, il est en bas. Je te défendrai s'il le faut car il est très fâché.
- Je comprends », la réconforta Isia.
Isia suivit Aphrodite qui s'arrêta à la porte d'une salle et lui dit :
« Allez ! Courage ! »
Isia avança. La pièce dans laquelle elle se trouvait était sombre, mais l'atmosphère était brûlante.
Héphaïstos était en train de forger des armes pour les dieux. Le bruit du fer martelé perçait les tympans. Des flammes s'élevaient de toutes parts. Quand Héphaïstos tourna la tête, Isia découvrit avec horreur à quoi ressemblait le dieu forgeron. Sa tête était couverte de poils, on aurait dit qu'il était à moitié homme, à moitié loup. Ses yeux étaient noirs, et on avait l’impression de voir du feu à l’intérieur. Sa bouche était crispée. Mais surtout, le plus effrayant était encore les regards qu'il lançait. On aurait dit qu'il voulait tuer toutes les personnes qu'il rencontrait sur son chemin. Il se retourna complètement et, contre toute attente, il sauta en l’air quand il aperçut la petite fille.
« Que fais-tu là, petite effrontée ? N'as-tu pas honte de venir me déranger ? » gronda le dieu.
- « Excusez-moi mais pourriez-vous arrêter de répandre votre colère car les gens sont en train de mourir..
- Comment ? Tu oses venir me demander des comptes ? Je te provoque en duel », tonna Héphaïstos. »
Isia eut très peur, elle n'avait aucune chance contre un dieu ! C'est alors que quelqu'un tambourina à la porte. Aphrodite alla ouvrir. Arès entra et prit Isia par le bras :
- « Viens ! Il ne faut pas rester là !
-Attends ! » hurla Héphaïstos. « Je l'ai provoquée en duel et, si elle gagne, je vous pardonnerai et me calmerai... mais, si elle perd, elle ira droit dans la partie la plus obscure des Enfers et ma colère redoublera de plus belle. »
Personne n'eut le temps de répliquer, Héphaïstos se jetait déjà en avant. Isia crut un instant qu'elle était perdue mais un phénomène étrange se produisit et une chaleur soudaine l'envahit. De la lumière sortit comme par magie de ses mains. Elle vit Héphaïstos reculer et puis, plus rien, le vide...
Isia était chez elle, étendue sur son lit.
« Ça y est, elle s'est réveillée ! » cria sa mère à son père.
- « Maman, tu n'es pas morte ?
- Non ma chérie, ton père m'a aidée à guérir. »
Isia regarda ses mains. Elles étaient encore brûlantes et rouges. Elle sourit.
Isia avait maintenant la preuve qu'elle était la digne héritière de sa grand-mère. Tout cela n'était pas un rêve. Isia était bien une sorcière, aux pouvoirs exceptionnels !
Constance GOUDE
Collège Militaire – Autun
Déméter et le paysan
Il était une fois un paysan qui avait deux passions, l'agriculture et la croyance. Mais ses terres étaient mauvaises, le blé ne poussait pas, il était désespéré. Il décida donc de rencontrer la Pythie. Il lui demanda :
« Que faire pour que mes terres produisent plus ?
- Achète de nouvelles terres et fais toi aider.» répondit la Pythie.
Avec le peu d'argent qui lui restait, il acheta de nouvelles terres. Mais il savait qu'il ne pouvait pas payer quelqu'un pour l'aider, donc il resta désespéré. Il continua à travailler les terres qu'il possédait et à prier. Un jour une jeune femme vint frapper à sa porte en lui disant :
« J'ai vu vos terres, je n'ai pas de maison pour vivre car je viens d'arriver à Athènes. Je pourrai vous aider à cultiver vos terres contre une petite chambre dans votre maison.» Le paysan réfléchit quelques instants et lui répondit :
« Êtes-vous sûre qu'une jolie demoiselle comme vous pourrait cultiver des terres, et se contenter de vivre dans cette petite cabane ?
- Ne vous inquiétez pas pour moi.»
Il lui prépara sa chambre. Le lendemain quand la demoiselle se leva, le paysan lui demanda son nom. Elle lui répondit : « Je m'appelle Katarima, Katarima Kyrios. Et vous ?
- Je m'appelle Arabie Papoulos.»
Ils se préparèrent et Katarima lui dit :
« Pendant que vous irez prier au sanctuaire d'Athènes, je commencerai à labourer. »
Arabie partit et Katarima révéla sa vraie nature. Ce n'était pas une femme ordinaire, c'était Déméter cachée sous les traits d'une jeune femme. Elle alla sur les terres, s'assit sur une pierre et dit :
« Terre, terre, laboure-toi, laboure tout, et laboura. » Les terres se mirent à se labourer avec une seule petite formule. Quand le paysan rentra du sanctuaire il remarqua que Katarima avait des boucles d'oreilles et une fibule en forme d'épis de blé, qui tenait son péplos. Il aimait bien sa tenue et la complimenta. Ils retournèrent à la petite cabane du paysan. Ils mangèrent de la Maza. L'après-midi ils travaillèrent jusqu'à ce que la nuit tombe, puis rentrèrent et s'endormirent.
Déméter se réveilla la première et laissa le paysan dormir. Elle retourna sur les terres se rassit et prononça : « Plante, planta, et planta tout ». Des graines sortirent d'un sac et se plantèrent dans la terre. Quand le paysan se réveilla il vit que les terres étaient cultivées plus vite avec la jeune femme. Il commença à se poser des questions, mais se dit que cette jeune femme était une bonne travailleuse. L'après-midi ils continuèrent de semer tous les deux.
Le mois d'après, il fallait couper le blé, la tâche la plus dure de la moisson. La jolie femme se disait qu'il faudrait que le paysan travaille un peu plus que d'habitude. Elle décida de l'aider, mais pas de tout faire. Pendant qu'il partit prier, elle alla sur les terres et récita une nouvelle fois sa formule :
« Aide, aide Arabie à couper et à ranger.» Quand il revint, le travail n'avait pas été fait, il se demanda pourquoi. Ils retournèrent dans la cabane, mangèrent, puis retournèrent au travail. En une semaine tout était coupé et rangé.
Il fallait encore moudre le blé pour pouvoir avoir de la farine. Ils allèrent tous les deux moudre le blé au moulin du village. Une fois que tous les sacs furent fermés, ils les rangèrent dans une grande grange. Le moment venu, ils partirent sur le marché pour vendre les 500 kilogrammes de farine. Un homme très riche, venu sur le marché, lui dit: « J'ai besoin de 300 kilogrammes de farine, je t'en offre 5050 pièces.
Le paysan était si heureux qu'il dit tout de suite oui et remercia Katarima. Il échangea donc 300 kilogrammes de farine contre 5050 pièces.
Un autre homme arriva à lui et lui dit: « Il me faudrait 100 kilogrammes de farine pour 3000 pièces.» Il dit encore oui. Il lui restait donc 100 kilogrammes de farine qu'il décida de garder pour lui.
Il avait réussi à gagner 8050 pièces. A la fin du marché, il ne vit plus Katarima. Il rentra, car il pensait qu'elle était dans la cabane. Il voulut la remercier, mais elle n'était plus là. Il ne la trouva pas, bien qu'il l'ait cherchée partout.
Pendant les années suivantes il poursuivit ses deux passions. Il n'eut plus de problème avec ses terres et à chaque moisson il pensait à cette jolie jeune femme.
sujet 2
Sylvain PLISSONNIER
Collège Bois des Dames – Saint-Germain-du-Bois (71)
Mes premiers jeux
J'ai assisté à mes premiers jeux en 103. Comme j'étais heureux ! J'ai beaucoup entendu parler des jeux d'Augustodunum, qui mettent en scène de grands gladiateurs. Ces jeux étaient organisés en I'honneur de l'empereur Trajan, qui avait gagné une grande bataille. Je suis venu avec mon père, il a participé à cette bataille. Ma mère aussi était venue. On nous a placés dans les tribunes d'honneur !
En rentrant dans l'amphithéâtre, j'aperçus des généraux, et même l'empereur Trajan ! Il était habillé avec des habits en or pour l'occasion.
Le public était émerveillé et très bruyant. Il avait hâte car la violence et le sang sont de vrais divertissements !
Tout d'un coup, le silence se fit. Les druides arrivèrent pour ouvrir les festivités. Ils avaient de longues tuniques blanches et des serpes dorées. Ils ne sont pas restés longtemps car nous attendions avec impatience de voir le sang couler. Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient là : mon père m'expliqua qu'ils priaient pour obtenir la bénédiction des dieux pendant le combat.
Les druides partirent et laissèrent la place aux gladiateurs. La plupart des combattants étaient des prisonniers d'une ancienne guerre. Je les reconnus tout de suite : c'était des thraces et des rétiaires. Les thraces étaient identifiables à leur armement léger, leur bouclier carré, leur épée recourbée. Quant aux rétiaires, ils n'avaient qu'un malheureux filet et un pauvre trident. Ils n'avaient quasiment pas d'armure. Mon père m'avait déjà expliqué auparavant comment les reconnaître. Avec la prime qu'il avait reçue pour aller se battre, il paria sur un rétiaire, Héraclius, qu'il pensa plus fort que le thrace qu'il allait combattre.
Le combat commença : les rétiaires essayaient de faire trébucher les thraces avec leur filet. Mais les thraces contre-attaquèrent avec leur épée. Manqué : les rétiaires étaient bien trop rapides ! Mais ils n'avaient pas dit leur dernier mot : ils prirent leurs boucliers et les lancèrent sur les rétiaires. Encore manqué ! Cette fois, les rétiaires leur donnèrent un coup de trident dans le cou. Le sang gicla. Les armes tombèrent. Les thraces étaient maintenant près de la mort. Les rétiaires demandèrent au public s'ils devaient épargner leur adversaire ou, au contraire, le tuer. Les thraces, eux, leur demandèrent grâce en levant la main. Le public, avide de sang, choisit, malheureusement pour les thraces, la mise à mort. Mais le public et les rétiaires furent interrompus par l'empereur Trajan, qui, lui, adorait les thraces et décida de les épargner. Le public fut bien obligé de respecter le choix de l'empereur. Les rétiaires laissèrent donc la vie sauve aux thraces. Les gladiateurs regagnèrent leurs cellules sous les applaudissements de la foule.
D'autres esclaves sortirent de leur cellule. Eux, étaient en pleine forme ! Ils proposèrent un ultime spectacle avec des animaux : des lions, des tigres féroces, des taureaux ... Puis, à la fin, l'empereur Trajan se leva et partit. Le public en fit autant. Ma famille et moi, nous quittâmes donc l'amphithéâtre d'Augustodunum, dans un brouhaha infernal. Nous allions tous nous rappeler de cette belle journée, sanguinaire et, à la fois, chaleureuse. Mon père me demanda ce que j'avais pensé de ces jeux :
« Alors, Maximus, qu'as-tu pensé de ces jeux ?
J'ai a-do-ré ! J'ai vraiment hâte d'assister aux prochains jeux !
La prochaine fois, ce sera dans quelques années ! Il n'y a pas de guerre tous les jours !
En tout cas, c'était vraiment bien ! »
Niveau 5ème
sujet 1
1er prix
Alive VERNAY et Yasmina BOUKANTAR
Collège Robert Doisneau – Chalon-sur-Saône (71)
Perdue dans le passé
Tout a commencé un lundi matin. Toutes les classes de cinquième étaient réunies pour le départ du voyage au château de Sully, d’une durée de deux jours. Je n'étais pas vraiment emballée par le sujet : premièrement, je n'aime pas les châteaux - c'est vieux et ennuyeux ! -
Deuxièmement, le professeur d'histoire nous a annoncé qu’au retour de de notre séjour il nous évaluerait sur ce que nous avions retenu de la visite.
Avant de monter dans le car, les professeurs d’histoire, Mme Histoirya, M. Géographe et Mlle Cézanne, vérifièrent si tous les élèves étaient présents :
- « Julie Avare ? Marion Chasseriaud ? Katy Daryle ? Katy Daryle ? KATY ???? »
- « Oui, ici, ici, désolée madame » répondis-.je déjà lasse de ce voyage.
- « Eh bien ma chère Katy, où étais-tu encore ? Dans la lune ? »
Je lui répondis avec un petit soupir qui fit voler la mèche cachant mes yeux.
Enfin nous sommes montés dans le bus. Il a démarré.
Alors que j’essayais d’écouter la musique de mon MP4, « Only Girl » de Rihanna (bien sûr), ces gamins de garçons n'arrêtaient pas de chanter : « Chauffeur, si t'es champion, appuie sur le champignon ! »
Horrible ! C'était impossible d'entendre la voix extraordinaire de ma chanteuse ! Pff ! C'est énervant les garçons, ils ne servent strictement à rien.
Au bout d'une heure et demie de trajet, nous sommes arrivés à destination. Les professeurs nous ont donc appelés par classe, puis nous sommes descendus au fur et à mesure.
Dès que je vis l’énorme masse grise, si imposante, qui se dressait devant moi, je crus que j’allais tomber dans les pommes ! Le pont-levis était tellement abîmé que je n'avais pas du tout envie de la traverser ! J’avais peur de tomber dans une eau aussi sale
Dès qu’il nous vit le guide se dirigea vers nous, puis nous fit un grand discours ennuyeux comme d’habitude :
« Le château de Sully est grand et bla bla bla et bla bla ! »
Puis nous avons enfin franchi ce maudit pont.
Arrivés dans le hall, nous avons commencé la visite par la pièce principale : le salon. Il était d'une laideur accablante, les fauteuils étaient tout craqués, ils n’avaient même pas été restaurés !
Après avoir vu la plupart des pièces (chambres, cuisine...), nous sommes allés manger nos pique-niques. Pendant que le guide et mademoiselle Cézanne buvaient un café, ils nous ont laissé un peu de temps pour visiter les jardins. Je restai toute- seule dans mon coin car les filles ne m’appréciaient pas. Tant mieux, moi non plus ! J'étais enfin tranquille pour écouter de la musique : « Last Friday night » de Katy Perry. Seule dans mon coin, je m'endormis.
En me réveillant, il faisait noir. Tout le monde était parti ! En allant voir sur le parking, je ne vis plus le bus et je commençai à m'inquiéter. Puis, je regardai ma montre : il était déjà 20 h. ; cela m’effraya ! Avoir dormi tout ce temps ! Mes parents m’avaient bien dit que jouer à Grand Theft toute la nuit n'était pas bon pour ma scolarité !
Me rappelant les paroles du guide, que j’avais à peine écoutées, la visite que nous devions faire après manger était celle des caves. Je m’y dirigeai donc à l’aveuglette.
J’eus du mal à trouver la porte de la cave ; quand je la vis enfin, je fus heureuse !
Bizarrement elle était ouverte. Les salles étaient horribles, il y avait des toiles d’araignée partout, et des tonneaux de vin qui devaient être là depuis des millénaires. Derrière un drap troué se trouvait une petite porte. Visiblement, personne ne l'avait remarquée... J’essayai de l’ouvrir, mais elle était fermée à clé. Mais j’avais plus d’un tour dans mon sac. Je pris ma barrette et réussit à débloquer la serrure. Lorsque je franchis la porte, elle se referma aussitôt derrière moi.
Je marchai le long d'un couloir sombre, puis montai un escalier de pierre en colimaçon. Je continuai à marcher jusqu'à ce que j’arrive devant le pont-levis, qui me paraissait beaucoup moins abîmé que celui de cet après-midi. Malgré la nuit tombée, je vis la porte principale de loin, éclairée par deux torches. Je m'y dirigeai sans voir immédiatement que deux gardes étaient postés. Ils portaient tous les deux un heaume de fer, un haubert sur leur tunique bleue. Leurs grands boucliers étaient bleus, parsemés d'étoiles d'or, avec un lion doré au centre.
« Quel cinéma ! »' pensai-je en voyant leur déguisement. Je fis comme si je ne les avais pas vus, et m'approchai. En pointant leurs hallebardes sur moi, ils me demandèrent :
« Halte ! Qui êtes-vous jeune homme ? »
Je devins toute rouge, et surtout très contrariée.
« Je ne suis pas un garçon, je suis une fille ! »
Je compris alors que mon jean dernier cri Kaporal et mes Converse roses flashy et bleues ne leur étaient pas familières. Ils se mirent à rire, puis voyant que cela ne me faisait pas d’effet, ils me lancèrent :
« Oui, donc, que voulez-vous ? »
En ayant une petite intuition de ce qui se passait, je réfléchis rapidement à ce que je pouvais leur répondre pour me mettre à l'abri. En essayant de m'empêcher de rire, je pris mon air le plus noble possible :
« Je suis la duchesse de Bauffremont ! Je viens rendre visite à mon cousin le seigneur Gauthier de Sully ! »
« Oui c'est cela, et moi je suis le roi d'Espagne ! », répondit l'un des gardes tout en éclatant de rire.
Le second garde prit enfin un air sérieux et ajouta :
« Maintenant allez-vous en, paysanne ! Et ne vous avisez plus de revenir ici, petite effrontée ! »
Je partis, ne sachant pas où aller. De plus la pluie commençait à tomber, j'étais vraiment perdue, je ne savais ni où aller, ni où j'étais !
Je fis le tour du château en espérant tout de même trouver un refuge. J'entendis à ce moment là un bruit de casseroles qui étaient en train de tomber. Aussi curieuse que je suis, je m'approchai et vis une porte non surveillée par ces maudits gardes. En regardant par le trou de la serrure, je reconnus la cuisine du château de Sully que j'avais visitée ce matin. Je commençais à me poser des questions: des gardes, un château en bon état et une cuisine ressemblant à celle du château de Sully ???
La porte était ouverte, alors j'entrai discrètement, il y avait quelqu'un mais il ne me vit pas car la cuisine était tellement grande que je pus me glisser rapidement. Juste devant moi, il y avait une panière remplie de pommes appétissantes, j'en pris deux, une que je mis dans la poche de ma veste et l'autre dans celle de mon pantalon. Je sortis ensuite de la cuisine, et me retrouvai dans un long couloir. Au bout de celui-ci il y avait encore une porte. Intriguée, je l'ouvris et atterris dans le hall principal.
Je vis d'abord des personnes qui étaient en train de dîner autour d'une grande table. Elle était décorée d'un chemin de table bleu, avec de petites étoiles dorées. Elle était couverte de nombreux plats : rôtis, bouillons, sanglier à la broche, tourtes..., dans de la vaisselle d'or et d'argent. Tout au fond de la salle se dressait un trône de chêne sculpté, sur lequel était assis un personnage important sûrement. Derrière lui, au-dessus d'une grande cheminée allumée, se trouvait un tableau avec un grand portrait, et une inscription en or : « Seigneur Gauthier de Sully - 1210 ».
Tout le monde me regardait et là, sans m'en rendre compte, je me suis écriée :
« Au secours ! Je suis au Moyen Age !!! »
2e Prix
Erevan REBEYROTTE
Collège de la Châtaigneraie – Autun (71)
Un rêve sucré
Le soir tombe sur le château de Valenvie. L'heure de la dernière visite se termine.
En regardant les tableaux accrochés dans la bibliothèque, je croque mon unique petit biscuit au chocolat caché dans la poche gauche de mon pantalon. Un dernier coup d’oeil par les échauguettes pour admirer le coucher du soleil, les tons de jaunes et oranges au-dessus des monts du Morvan sont magnifiques.
Je suis au 2ème étage, seul, je traine comme toujours. Tout le monde est descendu. A force de passer de pièce en pièce, je ne sais même plus où je suis. J'entends de très loin que l'on m'appelle, tant pis, je ne partirai pas sans visiter la chambre du roi. J'y arrive enfin ! Je pénètre à l'intérieur, stupéfaction, cette pièce est somptueuse : armoire en chêne, grand lit avec ses draps en broderie, énorme fauteuil en velours rouge et or. Ce fauteuil me tend les bras, une seule envie «m'asseoir dessus». Plus de guide, plus de parents, personne, le bonheur... j'y vais. La pénombre remplit la pièce et petit à petit je m'endors.
Je rêve que je suis un passe-muraille, beau, courageux et surtout gourmand. Je traverse les forteresses et je pénètre dans toutes les cuisines des châteaux, les plus grandes bien-sûr.
Ma première visite est pour celle de Chosucre. Je passe ma tête à travers les murs fortifiés. Et j'avance jusqu'à sentir cette délicate odeur qui cache un moelleux au chocolat dégoulinant de crème. Je vois aussi à ma droite une tarte aux pommes fondantes et à ma gauche des petits beignets chauds et croustillants. Juste le temps de goûter un peu de chaque et j'entends une grosse voix qui s'approche. Une ombre noire apparait, comme je suis courageux, je m'enfuis en sautant à travers la cheminée.
Maintenant je prends la direction du château de Mademel, là où habite le comte de Masmallo. Vite je traverse le pont levis, je passe à travers la herse, je me retrouve dans une immense basse-cour. Devant moi des tables gigantesques sont dressées, j'entends parler de la célébration des noces de la fille du châtelain. Quelle chance ! Le dessert doit être grandiose.
Je franchis l'enceinte des cuisines. Laissant les cuisiniers derrière leurs fourneaux, je me glisse dans la pièce voisine où l'odeur sucrée m'attire. Et là un petit cri de bonheur m'échappe. Une gigantesque pièce montée en madeleines ruisselant de caramel doré et luisant se dresse devant moi. Elle est là rien que pour moi. Je commence, avec soin, à décoller une madeleine, puis deux, puis trois, C'est trop bon ! Mais, me léchant les doigts, je ne vois pas le maître pâtissier arriver. Il me bouscule, le gâteau bascule et s'étale sur son visage. Tout collant, il essaie de m'attraper, me secoue avec force et, d'un coup je reconnais une voix qui crie mon nom.
Je me réveille en sursaut. La lumière d'une torche dans les yeux m'éblouit. J'hurle, je me débats et je me retrouve au sol, aux pieds du guide. Mes parents sont là heureux de m'avoir retrouvé. Et pour me remettre de mes émotions, le conservateur du château m'offre une sucette à la fraise. Tout a une bonne « faim » !
sujet 2
Juliette CLEMENT
Collège Pierre-Paul Prud’hon – Cluny (71)
La Belle et la Bête
Je suis le chevalier Arthur et je vais vous raconter la partie la plus déshonorante de ma vie mais aussi la plus heureuse.
Je venais de me faire adouber (je ne vous cache pas que je n'étais pas peu fier) dans mon armure grise et luisante je portais avec splendeur mon heaume et mes éperons. Ha ... mes éperons, si beaux et si précieux en or avec des pierres précieuses (rien que ça) et mon cheval, le clou du spectacle : il était grand, robuste avec une robe noire et lustrée comme on n'en avait jamais vu. Ha... c'était si bien !
Seulement voilà ! J'étais un chevalier comme tous les autres, très bon aux armes, grand, agile, robuste j'avais toutes les qualités sauf une : j'étais HORRIBLEMENT LAID.
He oui !... On ne peut pas tout avoir ... Non mais quand je vous dis laid ça veut dire laid : les sourcils trop rapprochés, le nez trop bas, la bouche trop haute, les oreilles décollées...Et le pire : une calvitie précoce, juste derrière la tête et je n'avais que dix-huit ans. En plus à cause de mon heaume mes cheveux tombaient encore plus vite et le frottement me causait des irritations et mon crâne devenait rouge. Mais il y a encore plus horrible : j'ai été choisi par le roi pour aller DELIVRER UNE PRINCESSE ! J'étais déprimé car une princesse c'est délicat, gracieux, gentil, et surtout, surtout, c'est très BEAU ! Imaginez un chevalier peu avenant, hideux, repoussant, abominable, disgracieux comme moi, délivrer une jeune fille et de plus me marier (car cela va de pair) avec une princesse aussi belle qu'elle ! Non, non, non cela n'avait pas lieu d'être.
Pourtant le lendemain je me mis en route pour aller délivrer cette princesse. Durant mon voyage j'arrivais un peu à oublier mon inquiétude grâce aux paysans et aux gueux qui, quand je passais devant eux, me saluaient et m'acclamaient parce que j'étais un chevalier mais c'est qu'ils ne m'avaient pas vu sans mon heaume. La nuit arriva et je me demandais bien où j'allais coucher ; par chance dans la pénombre je vis une petite masure, je descendis de mon cheval et j'allai frapper à la porte. Une vieille femme sortit sa tête par une fenêtre me vit et me dit :
«Bonsoir mon petit, mais, tu dois être gelé. Entre. Viens te réchauffer.
-Merci bonne dame» dis-je, On discuta pendant un long moment puis j'allai me coucher. Le lendemain je fis mes adieux à cette petite dame et lui promis que je ne l'oublierais jamais, elle qui avait été si gentille avec moi car la nuit d'avant, par mégarde, j'avais enlevé mon casque, mais elle ne s'était pas moquée de moi et m'avait dit que ce n'était pas que la beauté extérieure qui comptait, mais aussi et surtout la beauté intérieure et elle prononça exactement ces mots :
« Car toi, mon petit, tu es un être magnifique mais à l'intérieur; souviens-toi bien de cela »
Je me remis donc en route, pendant plusieurs jours il y eut une tempête mais je ne m'arrêtai pas pour autant, j'avançai sans savoir où aller. Un jour la tempête se calma et j'avais galopé si longtemps que j'étais perdu ; mais que vis-je à ma grande joie... ? Un château, un somptueux château blanc muni d'une centaine de tours avec un donjon très haut. Mais... d'en bas j'arrivais quand même à distinguer une silhouette... la silhouette d'une femme... Mais oui ! C'était le château de la princesse que je devais délivrer ! J'étais aux anges, je n'avais qu'à la délivrer et la ramener à la cour de mon seigneur et c'est ce que je fis. Quand je fus dans le donjon je pris une bouffée d'air et entrai dans la chambre... La princesse me regarda avec insistance et m'embrassa. Tout d'un coup je me sentis resplendissant mais... ce n'était pas qu'une impression, mon corps étincelait, je me transformai, mon visage se redressa, mes sourcils, ma bouche, mon nez, mes yeux, et même mes cheveux repoussèrent : je devenais beau. La princesse me regardait d'un air transi elle était magnifique avec ses longs cheveux noirs comme l'ébène, ses yeux en amande et d'une couleur verte, telles deux émeraudes, sa bouche rouge comme le sang, son teint blanc comme la neige.
- Ho mon amour tu exagères ; c'est vrai, j'étais belle, mais pas autant que tu le dis.
- Bien sûr que si en plus... »
- Papi tu n'as pas fini ton histoire ! cria une petite fille.
- Bon alors ? » dit Arthur. Je disais donc que j'avais délivré votre grand-mère et que je devais la ramener chez mon seigneur, le roi Guillaume
- Pourquoi, Papi tu devais ramener Mamie ? dit un petit garçon du nom de Jaume
- Pour lui prouver que j'avais réussi ma mission et que je pouvais l'épouser : c'est ce que je fis.
- Maintenant que je suis vieux toi, mon petit Jaume, tu vas bientôt pouvoir devenir page puis tu seras nommé écuyer et enfin chevalier. Bon ! Je vous ai raconté la première partie de ma vie mais si vous voulez, la prochaine fois, je vous raconterai quand j'ai fait la guerre avec mon seigneur ! Mais cela ne sera pas possible si vous n'allez pas au lit.
- D'accord ! Bonne nuit, répondirent les deux enfants-
William BRETON
Collège Pierre-Paul Prud’hon – Cluny (71)
La blonde aux cheveux d'or
Mon père m'avait prénommé Aragon, en souvenir d'un ami chevalier. Enfant, j'étais déjà grand et agile mais ma mère me reprochait souvent d'être trop hardi. Plus tard, mes amis chevaliers me trouvèrent trop sérieux, courageux et vaillant aux tournois mais toujours absent lors des banquets, je préférais rester aux écuries en compagnie des chevaux.
A l'âge de six ans, on me sépara de ma mère pour devenir page dans un château voisin. Mon père était mort à la guerre et personne ne pouvait s'occuper de mon éducation. Je devins l'écuyer du Sieur André, un seigneur d'une grande renommée qui après m'avoir longtemps observé, décida de me former à l'art du combat. J'appris l'équitation et m'entraînai tous les jours à la quintaine. J'étais rapide face aux mannequins, dès que je frappais l'écu en bois, celui-ci pivotait et le sac de sable ne passait pas bien loin de ma tête. Mais je tenais en selle. J'étais très fier de moi. Un jour le Sieur André me proposa de jouter contre lui. Nous prîmes tous les deux places aux extrémités du terrain d'entraînement et un écuyer sonna le départ. Lancé au galop je visai l'écu de mon adversaire, j'étais convaincu de ma force et de ma puissance. Sieur André frôla mon épaule de sa lance et me désarçonna. Il venait de me donner une bonne leçon, je ne savais rien de l'art de la défense et j'avais beaucoup à apprendre. Le soir, assis au coin du feu, il me racontait ses batailles et chaque matin nous joutions l'un contre l'autre, je tombais et retombais mais j'apprenais de mes erreurs. Je ressentais au fond de moi l'efficacité de mes gestes. Un jour, à la fin de l'entraînement, le seigneur André m'annonça que j'étais prêt, j'allais être chevalier au lendemain des feux de la Saint Jean.
C'était un grand jour pour moi. Mon maître le sieur André m'avais promis une solide armure pour mon adoubement. J'entrai dans le palais, le grand seigneur Gallium m'attendait sur son trône. Je m'avançais sur le tapis rouge et me mis à genoux devant lui. On me chaussa mes éperons d'or et Galium me ceint l'épée. Il me frappa coup sec sur le cou et prononça les paroles sacrées. Le lendemain, j'allais devoir partir à la guerre, je combattrais courageusement et mourrais pour mon seigneur si nécessaire.
A l'aube, tout le monde se prépara dans la cour du château. Le sieur André portait une armure vermeille scintillant de milles feu. J'allais moi aussi préparer mon destrier quand le seigneur m'annonça avec regret que je devais rester au château. Il m'expliqua qu'il avait confiance en ma loyauté et étais certain que je veillerais sur ses terres en son absence. J'enrageai, j'avais passé vingt-trois ans de ma vie à m'entraîner pour cela! C'était vraiment décevant mais je me sentais obligé d'obéir à ses ordres, j'avais une dette envers cet homme et finalement, cette tâche ne fut pas si facile...
Je m'ennuyai, les soirs semblaient interminables sans les histoires du seigneur André, chaque nuit je faisais des rêves étranges, une très belle femme aux longs cheveux d'or m'apparaissait. Elle avait le teint pâle et brodait une grande tapisserie. Chaque soir, le dessin se précisait et je reconnus bientôt le château où je vivais, avec ses bois et ses prairies, j'étais aussi représenté.
Une nuit, je découvris ma visiteuse en pleurs, elle tenait dans ses mains sa broderie, le paysage tissé s'était assombri et le donjon du château était en feu.
Je me réveillai en sursautant !
Il faisait nuit noire et je décidais de me promener le long du rempart; dans le silence du château endormi, je n'étais pas rassuré. Soudain je vis des ombres se déplacer dans le brouillard. Je saisis un flambeau cherchant à discerner les formes au loin. Je jetai le flambeau par-dessus le rempart et distinguai dans sa faible lueur des silhouettes d'hommes armés. Je me précipitai le tong du chemin de ronde et observai entre les créneaux les champs qui entouraient le château. Ils étaient nombreux, peut-être une centaine formant une armée silencieuse. Mes peurs étaient justifiées, nous étions attaqués.
J'appelais la garde et ordonnais de se mettre en position de défense. Nous n'étions pas nombreux, les plus vaillants chevaliers étaient partis à la guerre avec le seigneur André. Je décidai d'attendre, nous ne pouvions pas de toute façon mener une offensive, au petit matin, personne n'avait bougé, et dans la clarté je constatai que le château était encerclé. Nos assaillants avaient installé leurs camps à la lisière de la forêt ils semblaient aussi attendre. Je réunissais les plus expérimentés d'entre nous dans la salle de garde pour un conseil de guerre. Nous étions tous inquiets, la stratégie de nos ennemis était évidente, ils allaient tenir le siège ; nous décidâmes d'envoyer plusieurs messagers prévenir le seigneur André de l'attaque du château. Mais en attendant, il fallait tenir. J'organisais le travail de chacun, le problème majeur serait la nourriture, il nous fallait aussi vérifier les réserves de munitions. Je constatai que nous n'avions que des armes légères et peu d'équipement : heureusement, le château avait de solides fortifications et des douves profondes. J'avais ordonné des tours de garde chaque jour et chaque jour je contrôlais l'armement de chacun.
Assiégés depuis un mois, nous n'avions toujours pas reçu de nouvelles de nos messages, nous commencions à manquer de viande et de fourrage pour les chevaux ainsi que de farine pour le pain. La dame aux cheveux d'or nous aida encore une fois. Dans mon sommeil, elle me faisait découvrir le château, elle semblait mieux le connaître que moi, elle me guida le long des couloirs jusqu’à un tunnel, nous avions un plan, l'homme qui avait construit ce château était prévoyant, et nous pûmes ainsi sortir chaque nuit nous ravitailler.
Et un matin enfin, nous entendîmes le son du cor. Mille chevaliers arrivèrent au galop suivant la bannière aux couleurs de mon seigneur. Nous abaissâmes le pont-levis et nous nous lançâmes également dans la bataille, donnant toutes les forces qu'ils nous restaient, l'affrontement fut court et brutal, nos assaillants furent écrasés et les paysans restés au château nous accueillirent en vainqueurs.
Plus tard, je fus récompensé pour ma patience et mon courage, le sieur André me parla de son épouse, une très belle femme blonde morte à la naissance de leur enfant, elle savait merveilleusement broder.
Niveau 4ème
sujet 1
Alexia RICHARD
Collège Louis Pergaud – Couches (71)
Histoire d'un esclave
Voyageur, j'étais allé en Amérique par bateau. Alors que je me promenais dans une propriété d'une riche personne où travaillaient de nombreux esclaves noirs, je m'approchai de l'un d'eux pour lui demander comment il était arrivé là.
Lorsque je lui posai la question, il sursauta et me répondit :
« Je ne peux vous parler, sinon Maître va me battre ! »
Je lui demandai pourquoi, et il me raconta son histoire. J'écoutai avec attention, sans faire aucun commentaire.
« Je vivais paisiblement avec ma famille dans mon petit village natal d'Afrique. La tribu voisine, elle, souffrait de famine, car sa terre n'était pas féconde : le bétail et les plantes mouraient.
Un malheureux jour, le chef de ce village, accompagné de tous les habitants, nous attaqua. Nous fûmes pris au dépourvu : un grand nombre des nôtres furent immobilisés, attachés, puis menés jusqu'à la côte. Ma famille et moi en faisions partie. Nous attendîmes longtemps, très longtemps. Nous tentâmes de nous échapper sans y parvenir, tant les ennemis étaient nombreux autour de nous.
Après un interminable moment, un gigantesque navire de bois se détacha de la brume. Il accosta, et il en sortit une chose fantastique : des hommes, mais à la peau blanche, blanche comme les galets usés et polis par la mer. Ils étaient accoutrés de grandes chaussures brunes que l'on m'a appris à appeler « bottes », un pantalon court, une chemise blanche et une légère veste. Ils avaient tous les cheveux couleur paille ou légèrement plus foncés, et... lisses !
Celui qui semblait être le commandant s'approcha du traître et il... marchanda ! Ce lâche nous avait immobilisés pour nous vendre à des humains d'une autre terre pour pouvoir piller notre camp et nos cultures ! Une haine incontrôlable me saisit, et je me débattis si fort que cinq hommes me tinrent et me firent monter dans ce bateau que je craignais tant.
Sur le dessus de ce navire, la vue sur la mer était imprenable. Mais dans les cales où on me menait, il y avait déjà une multitude des nôtres, tous enchaînés et couverts de sueur. Ils ne nous regardèrent même pas. Les hommes à la peau claire m'obligèrent à m'installer dans cet endroit horrible où l'on était empilés, comme de la simple marchandise.
Il y avait à peine assez de place pour étendre les jambes. Il s'émanait une insupportable odeur où étaient mêlées la transpiration et la maladie. Les chaînes qui nous attachaient étaient si serrées qu'elles nous rentraient dans la peau et nous faisaient horriblement mal.
Il y eut quelques arrêts où d'autres personnes noires montèrent. Puis il y eut l'arrêt qui termina le voyage. Tout le monde se bouscula lorsque le chef des hommes blancs ouvrit la trappe qui menait à l'air libre, car nous en avions assez de cet air irrespirable.
A terre, il y avait d'autres hommes à la peau couleur de nuage. Le capitaine du navire marchanda avec les nouvelles personnes et fît choisir les esclaves voulus comme du bétail ! »
L'homme noir accentua énormément sur le mot « choisir ». Ce qu'il venait de me raconter était terrible.
« Un de ces cruels hommes me choisit, avec deux autres personnes. Il nous appelait tantôt « nègres », tantôt « bois d'ébène » et nous apprit à l'appeler « Maître ». Il nous fit monter dans une charrette et nous y attacha. Un homme conduisait les deux chevaux qui tiraient la charrette.
Après un long trajet, nous arrivâmes dans la cour d'une gigantesque maison de pierre. Au loin on voyait d'autres esclaves travailler dans d'énormes champs. Je compris alors à quoi j'étais destiné...
C'est pour cela que je travaille maintenant dans les plantations de coton, et qu'on me nourrit de deux galettes de pain par jour. »
Sidéré par son récit, je lui demandai quel était son avenir là. Il me répondit qu'il n'avait pas d'avenir, mais qu'il espérait qu'un jour, tout cela se terminerait. Il me confia même que, parfois, il se surprenait à rêver qu'un homme noir prendrait le pouvoir dans ce pays d'hommes blancs.
Sujet 2
Axel BERTHELARD, Anaïs REIS,
Théo TAVAN, Clémence PERNETTE
Collège du Vallon – Autun (71)
La machine infernale
Alexandre Von Bleiberg, un écrivain en manque d'inspiration ne savait que faire. Son entourage lui conseilla d'aller en Ecosse, le pays des mystères ; ce qui pourrait lui redonner de l'inspiration. L'auteur, désespéré, accepta la proposition. Après avoir atterri en Ecosse, l'écrivain décida d'aller chercher une chambre d'hôtel.
Un mois passa, l'homme n'ayant toujours pas retrouvé l'inspiration mais étant tombé amoureux de la région, décida d'acheter une maison. Un après midi de janvier, Alexandre qui se promenait dans la lande, vit un chalet perché sur une falaise. Il le fixa plusieurs minutes puis eut envie d'en savoir plus sur ce chalet.
Le lendemain, à l'aube, il s'empressa d'aller visiter cette bâtisse. Après avoir gravi la falaise, il se trouva devant le chalet. Il avait une façade mystérieuse mais en même temps merveilleuse. Il voulut entrer dans cette belle demeure, alors il frappa à la porte mais personne ne répondit. Il s'aperçut que la porte était ouverte. Il entra donc et visita la maison. Après une heure de visite, il aperçut une porte qui l'intriguait. L'écrivain l'ouvrit et observa une pièce avec seulement un bureau sur lequel était posé une machine à écrire avec une feuille vierge. Cette machine l'interpela, alors il commença à écrire, écrire jusqu'à la nuit, il s'endormit ,exténué.
Au petit matin il acheva son histoire peuplée de brigands, de chevaliers et de forteresses. Dans l'après-midi, alors qu'il s'assoupissait, Alexandre entendit une horde de chevaux au galop. Lui qui était passionné de cavalerie se précipita au balcon pour admirer les bêtes. Du haut de son perchoir, il balaya du regard l'horizon mais il ne vit que la lande écossaise, quand il aperçut au loin un château qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à alors. Comme il faisait froid, Alexandre rentra et oublia bien vite les évènements.
Inspiré, il décida de continuer à écrire et débuta une nouvelle histoire où le héros s'inspirerait de lui. Arrivé à la treizième ligne, il écrivit « frissonnant et tremblant François entra dans une pièce sombre quand quelque chose lui attrapa la jambe... » à ce moment même, quelque chose lui agrippa le mollet. Poussant un petit cri, il sauta de la chaise, jeta un regard sous le meuble, mais ne vit qu'une vulgaire corbeille à papier et en déduisit qu'il avait probablement dû la heurter.
A la nuit tombée, l'écrivain n'ayant toujours pas trouvé le sommeil, continua le récit de François et de sa ravissante compagne qui avait des cheveux d'or et des yeux d'un bleu azur aussi pur qu'un ciel d'été. Son seul défaut était la malédiction qui la hantait toutes les nuits. Cette malédiction consistait à tuer tous les hommes qu'elle fréquentait : « Un soir, François solitaire entendit frapper à la porte, ouvrit le battant et vit sa belle se métamorphoser en une sanguinaire créature qui se jeta sur lui. François, apeuré, hurla mais c'était peine perdue elle lui déchiqueta la gorge.»
Alexandre fatigué, s'étira quand quelqu'un vint frapper à la porte, surpris il alla ouvrir la porte quand il vit que derrière se tenait la compagne de son héros, il réalisa que le fruit de son imagination venait de prendre vie et courut à son bureau pour détruire son manuscrit mais il était trop tard, la créature poilue et à mâchoire de fer lui sauta dessus et le tua d'un coup de dents.
Niveau 3ème
Sujet 1
Elisabeth SOLA
Collège Jean-Philippe Rameau – Dijon (21)
A Dijon, le 18 novembre l9l7
15H 45
Mon cher frère,
Je t'écris pour te demander des nouvelles et t'en donner. Tu nous manques terriblement, tu sais. Nous vivons dans l'angoisse permanente de ne jamais te revoir. Mère et Louise s'inquiètent de ne pas recevoir de lettres de ta part. Pourtant, nous t'avons écrit tous les jours, dans l'espoir d'une réponse. Nous ne savons même pas si tu es toujours en vie.
Hier soir, j'ai aperçu Henri, ton ancien ami. Il n’était pas en bon état : il lui manquait un bras et un oeil. Je n'ai pas eu le courage de lui demander de tes nouvelles. Je l'ai entendu dire à ses parents qu'il n'avait jamais reçu leurs lettres. J'espère que c'est la raison pour laquelle tu ne réponds pas, et que rien de grave ne t'est arrivé.
Mère et Louise se portent bien, même si nous souffrons du manque de denrées alimentaires : nous sommes souvent confrontés à des pénuries, mais heureusement, nous trouvons quand même de quoi nous nourrir, grâce à notre petit champ situé derrière la maison et au marché noir. Père enrage de ne pas pouvoir se battre contre les « Boches », comme il les appelle. Seules sa vieillesse et ses articulations douloureuses l'empêchent de partir au combat.
Pour ma part, je ne suis plus au front, comme tu pourras le constater quand tu liras cette lettre.
Ne crois pas je sois un planqué, mon frère ! Il n'y a pas de plus grande honte et de plus grand déshonneur ! Non, je ne suis plus en état de me battre. J'ai la jambe gauche amputée; le bras gauche et plusieurs côtes cassés.
C'est très difficile à vivre, crois-moi, et j'espère que rien de tel ne t'arrivera. J'ai besoin d'aide pour me déplacer, chaque pas me torture, chaque tâche de la vie quotidienne me coûte un terrible effort.
Mais ma souffrance est aussi, et surtout, morale. Je ne peux plus aider Père dans les travaux des champs. Je ne peux plus rien faire. Mon apparence fait fuir. Les gens du village m'évitent. Je n'ai plus d'avenir. C'est ça, le pire. Se savoir condamné et ne rien pouvoir faire. Je suis passé par une grosse phase de dépression lors de mon retour à la maison. J'ai même sérieusement pensé au suicide. Mais je vais mieux, maintenant, grâce au soutien moral de Mère, Père et Louise.
Je vais t'expliquer comment j'ai été blessé. Je ne veux pas que tu me prennes pour un lâche, ni que tu penses que je me suis mutilé moi-même de façon à ne plus pouvoir me battre, comme un certain nombre de soldats de mon régiment.
C'était une fin d'après-midi. Quel jour ? Je ne sais pas. Dans l'enfer des tranchées, on perd la notion du temps. On ne pense qu'à une chose : survivre. Les jours, les heures, les minutes, tout se confond dans le bruit des obus qui tombent à quelques mètres de nous.
J'ignore où tu te bats, mais je suis certain que tu connais cela.
Il pleuvait à seaux depuis cinq jours. I1 n'y avait plus de champ de bataille. Verdun n'était qu'un tas de boue, parsemé de cadavres en décomposition, d'éclats de métal dispersés partout, et de trous d'obus. A la place où je me trouvais se dressait, avant la guerre, le petit village de Fleury, avec ses 422 habitants, comme nous l'avait dit un camarade de notre régiment qui était né ici. Maintenant, ce n'est qu'un tas de ruines fumantes, de boue, de cadavres. Les habitants ont tous été massacrés, et le village a changé de mains je ne sais combien de fois.
Une pluie d'obus s'abattait sur nous depuis une journée et demie déjà, sans interruption. Je n'avais pas mangé depuis trois jours. Des colonies de poux avaient élu domicile dans mes vêtements, mes cheveux, sur ma peau. Je balayai ces parasites grouillants, répugnants, noirâtres d'un revers de la main. C'était peine perdue. A peine avais-je enlevés qu'ils revenaient déjà. J'avais faim, froid, j'étais fatigué et j'avais soif. Une soif terrible. Mes lèvres parcheminées ainsi que tout mon corps réclamait de l'eau. Au risque de perdre ma dignité, je m'abaissais, tel un animal, à boire le liquide croupissant dans les trous d'obus.
J'avais troqué mon uniforme rouge et bleu vifs contre de vieilles loques rapiécées, tâchées, déchirées, qui ne me protégeaient ni du froid ni de la pluie. Je pataugeais dans trente centimètres de boue, et mes bottes trouées ne m'étaient d'aucune utilité. Il fallait aussi se méfier de la boue : elle vous retenait, vous aspirait et vous étouffait, lentement mais inexorablement. Ce n'était pas rare de voir un soldat pris au piège avec cet ennemi mortel qui, à première vue, paraissait inoffensif. Ce type de spectacle était horrible : nous avions beau nous mettre à quinze hommes pour l'aider, cela ne changeait rien. Celui qui tombait dedans était condamné à une mort lente et atroce.
Soudain, le flot d'obus parut se tarir, et l'on nous ordonna de passer à l'attaque. Je fis de mon mieux pour me dépêcher, mais mon pied glissa sur quelque chose de mou et gluant. Je tombai et découvris sur quoi j'avais dérapé : un cadavre fraîchement tué. Des nuées de parasites le dévoraient déjà. Les poux, les insectes et des rats gros comme mon poing s'en donnaient à coeur joie. L'odeur pestilentielle que dégageait le corps était insoutenable. Je me forçais à détourner le regard, mais j'aperçus la tête du cadavre. L'un des deux yeux était à moitié rongé, l'autre orbite sanguinolente était vide. Je ne pus retenir un haut-le-coeur et vomis le peu qui me restait encore dans le ventre.
Je me relevais, non sans difficultés. A peine avais-je fait quelques pas que le bruit d'une mitrailleuse retentit à mes oreilles. Je me jetai à plat ventre, la tête dans la boue. Soudain, la cadence de tir des canons allemands redevint infernale. Les obus sifflaient à mes oreilles, leurs explosions me rendant presque sourd. Je rampai le plus rapidement possible et cherchai un abri. La réalité de ma situation me frappa tel un coup de poing. Où trouver un abri au milieu d'un terrain découvert, pentu, rempli de boue et de cadavres, sous le feu des tirs ennemis ?
Je n'avais plus aucune chance. Je me traînai difficilement sur quelques mètres encore. Le temps parut se ralentir. Un obus siffla à mes oreilles bourdonnantes. Un flash de lumière. Le bruit de l'explosion. L'onde de choc. Rien. L'attente. Puis une douleur inimaginable, insoutenable me submergea. J'eus f impression que mes jambes étaient en feu et que je brûlais vif.
Etrangement, alors que je me convulsionnais de douleur, j'eus la sensation de ne plus être aux commandes de mon corps, mais de n'être qu'un simple spectateur. J'observai la scène avec un certain détachement. Je me dis que personne ne pouvait endurer pareille souffrance sans mourir. Un hurlement effroyable retentit, le mien, sans doute. La pluie d'obus ravageait le champ de bataille, faisant toujours plus de victimes. Je fus pris d'une grande lassitude. Tout ce dont j'avais envie c'était de fermer les yeux et de m'endormir. Juste quelques instants, ça ne changerait rien... Peu à peu, les bruits devinrent confus, étouffés, ma douleur s'atténua, et un voile de ténèbres tomba sur le monde, tandis que je sombrai dans l'inconscience...
Je me réveillai dans une pièce brillamment éclairée. La lumière des néons me blessa les yeux, et je refermai les paupières. Une odeur de chair roussie, de sang, d'antiseptiques flottaient dans l'air, ainsi qu'une odeur que j'avais déjà sentie : celle de la mort. L'endroit était bruyant.
Des personnes hurlaient, gémissaient, pleuraient, se lamentaient. Je me trouvais probablement à l'hôpital.
Je n'avais ni faim, ni froid, ni soif. J'avais seulement mal partout, surtout aux côtes et au bras gauche. Horriblement mal, ainsi qu'une sensation de vide. Je baissai les yeux vers mon corps allongé. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose manquait. Avec un frisson d'horreur, je détournai le regard. Mais c'était trop tard. J'avais vu ce que j'aurai préféré ignorer : il ne me restait qu'une jambe au lieu de deux.
C'en fut trop pour moi et replongeai dans l’inconscience.
J'ouvris les yeux deux jours plus tard, toujours à l'hôpital militaire. Une infirmière m'apprit tout ce qui s'était passé depuis que j'avais été blessé : un éclat d'obus avait arraché ma jambe et les médecins avaient dû l'amputer, mes côtes étaient, pour la plupart, brisées, et mon bras gauche se trouvait dans le même état.
J'étais à deux doigts de la folie. Je ne voulais pas accepter la réalité. En plus de cela, je m'en voulais d'avoir survécu : presque tous mes amis étaient morts sous mes yeux, et je n'avais rien pu faire pour les aider. Pourquoi avais-je survécu ? Pourquoi moi et pas les autres ? Le poids de cette culpabilité me rongeait de l’intérieur. Et puis, avec toutes les horreurs de la guerre, c'était impossible de reprendre une vie normale. Ces évènements là vous marquent à jamais, personne ne peut oublier cela.
Je suis passé par une grosse phase de dépression : je refusais de me nourrir, de boire et même de parler. Je me laissais mourir à petit feu. Mais un matin, Père, Mère et Louise vinrent à l'hôpital. Les médecins avaient contacté la famille, qui n'était au courant de rien, et leur avaient demandé de venir me chercher, car j'allais bientôt pouvoir sortir. Mère paraissait exténuée : ses traits étaient tirés, elle avait de grosses poches sous les yeux, son regard était éteint. C'était déjà assez difficile pour elle de ne pas avoir de nouvelles de toi, et je ne crois pas qu'elle aurait supporté une autre disparition. Alors je me dis que malgré ce que j’avais
vécu, la vie continuait. Et je ne voulais pas que quelqu'un d'autre (surtout pas Mère) meure par ma faute. Je me repris en main et fis de mon mieux pour guérir. Dix jours plus tard, j'étais à la maison. Même si c'est difficile à vivre, je vais mieux maintenant.
François, j'ignore quand tu recevras cette lettre, si jamais tu la reçois, mais rappelle-toi que ta famille attend ton retour impatiemment.
Il y a tant de choses que tu n'as pas vécues, tant de mots que tu n'as pas prononcés, tant de filles que tu n'as pas aimées. Ne serait-ce que pour cela, je t'en supplie, reviens-nous vite. Tu nous manques horriblement.
Je te souhaite bon courage, mon frère.
Nous prions tous pour ton retour.
Ton frère, Charles
Sujet 2
Lucille PROST
Collège Les Bruyères – La Clayette (71)
Les mots de l'imagination
Oncle Jacques sait tout faire.
Oncle Jacques m'a tout appris.
L'année de mes quatorze ans, mes parents ont dû s'absenter durant plusieurs semaines. C'est oncle Jacques qui s'est occupé de moi.
Je suis venu chez lui, ma petite valise sous le bras. Je ne connaissais pas trop oncle Jacques. Je ne l’avais croisé qu'aux anniversaires. Je ne me souvenais même plus de son visage.
Oncle Jacques s'est planté devant moi. Il n'a rien dit. Ses yeux clairs semblaient lire en moi. Mais rien de menaçant ne luisait dans ce regard. J'y décelais juste de la curiosité.
- Ta chambre est en haut.
Pas de bonjour. Seulement une information.
Je suis monté à l'étage. J'ai posé mes affaires dans ma chambre. Elle était peinte en bleu.
J'ai sorti le livre que j'avais commencé.
Oncle Jacques est entré dans la chambre quelques minutes plus tard.
- Que fais-tu ?
- Je lis, oncle Jacques.
- Que fais-tu ?
- Je lis, je te l'ai déjà dit, ai-je répété, un peu agacé.
- C'est tout ?
- Ben, je lis, voilà. Tu lis, toi aussi ?
-Non, je m'évade avec les mots.
Il a quitté la pièce.
Oncle Jacques m'a appelé pour manger. Je n'avais pas quitté ma chambre de la journée. Enfin, mon corps y était resté, mais j'étais ailleurs. C'était la première fois qu'une telle sensation s'emparait de moi. Je m'étais évadé, comme oncle Jacques.
La cuisine d'oncle Jacques était très petite. Sur la table, notre repas. Sur les murs, des dizaines et des dizaines d'esquisses, des peintures, des crayonnages.
- Tu es dessinateur ? me suis-je exclamé.
- Mieux, je mets des traits sur l’imagination.
Oncle Jacques affectionnait les phrases sibyllines.
Le repas se déroula en silence. Je regardais les dessins.
Ils étaient tous magnifiques.
Oncle Jacques et moi étions dans le salon. Dans la cheminée brûlait un bon feu. Oncle Jacques était assis dans un grand fauteuil. Je ne voyais pas ce qu'il faisait. Ma montre m'a indiqué qu'il était vingt-trois heures. Je bâillais. Je suis allé souhaiter une bonne nuit à oncle Jacques. C'est alors que j'ai découvert ce qu'il faisait.
- Oh ! Tu écris !
- Oui, j'invente des rêves...
Il a levé la tête. Il souriait. Ses yeux clairs pétillaient.
- Je sais tout faire. Je sais tout faire. Je peux peindre des rêves avec une plume, esquisser des songes avec un fusain. Je peux inventer des mondes irréels avec une idée, voyager avec une phrase, me perdre avec un chapitre. Je peux rencontrer des amis en ouvrant un livre, les redécouvrir en tournant une page, les garder en mémoire en caressant une reliure.
Il me fixa un instant.
- Je peux t'apprendre.
Je ne demande que cela, oncle Jacques.
Niveau lycée | Sujet n° 1Caligramme |
Diane MOND
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Sujet 2
Julie AUGOYARD
Lycée Wittmer – Charolles (71)
Echappatoire
La montagne, rien de mieux pour oublier
Tu marches, tu marches, tu ne t'arrêtes jamais
Tu ne sais pas où tu vas, mais ton seul but, c'est de t’évader
Puis tu arrives au bord d'un lac, tu regardes ton reflet
L'eau coulante des glaciers est claire à l'inverse de tes pensées
Puis au dessus de ta tête, tu aperçois d'immenses sommets
Ils te donnent envie de grimper, de tout surmonter
Une fois en haut, tu crois dominer ton pays
Et surtout celui qui a détruit ta vie.
Il t'as fuit, ne le suis pas
Pars oublier, parcourant vallées et sommets
Des mois et des mois passeront, dans ton coeur les nuages s'imposeront
Ton âme n'arrivera pas à évacuer la pression
La clarté des lacs ne parviendra pas à t'éclaircir l'esprit
Le ciel bleuté ne calmera pas tes pensées,
La chaleur du soleil ne te réchauffera pas le coeur,
La blancheur des glaciers n'atténuera pas la douleur.
Il t'a fuit, ne le suis pas
Pars oublier, parcourant vallées et sommets
Puis vient une tempête, tout se met à tourbillonner dans ta tête
Tu ressens comme une déchéance
Le même effet que peut produire une avalanche
Le paysage plonge dans l'obscurité
Marmotte et chamois sont partis se cacher
Les torrents se déchaînent
Il est devenu la cause de ta haine.
Il t’a fuit, tu ne l’as pas suivi
Tu auras essayé d’oublier, mais tout a échoué.
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