Mon premier assaut
Wild Rose (Valentine Perrin, Anne-Clémence Girardon) – Collège du Vallon, Autun, 71.
Le seigneur du château de Chissey nous ordonne d’aller piller le château d’Antully pour que nous puissions nous venger de notre dernière défaite. Je m’arme et saute sur mon cheval sous le commandement de Thibault, suivi par les autres chevaliers. Les carrioles contenant les échelles et les vivres suivent de près. Nous arrivons au château d’Antully, la nuit, sans faire le moindre bruit. Nous sommes très nombreux et les chevaux sont nerveux. Nous espérons prendre nos ennemis par surprise mais quelqu’un éternue, signalant à un garde notre présence. Celui-ci alarme tout le château. Le combat va commencer.
Nous nous dépêchons de détruire la palissade à coups de haches, de sortir les échelles et de les appuyer contre la courtine. Tandis que plusieurs chevaliers essayent de monter aux échelles malgré les pierres que leur lancent les gardes, les autres archers et moi essayons de tuer ceux qui, avec leurs arbalètes, nous envoient diverses flèches depuis les meurtrières de la tour. Plusieurs chevaliers tombent et se noient dans les douves à cause de leurs armures trop lourdes. Il y a beaucoup de cris de douleur et de désespoir.
Du haut de son donjon, le seigneur Raoul hurle qu’il ne se rendra jamais. Maintenant que les gardes sont moins nombreux, je monte avec tous les chevaliers aux échelles en nous protégeant avec nos écus. J’arrive en haut de la courtine, je me précipite pour escalader le créneau, quand surgit un ennemi, une masse d’arme à la main, prêt à me tuer. Je brandis ma lance et la lui plante dans le coeur. Il bascule sur un merlon et s’enfonce dans les douves. Je me bats courageusement pour arriver jusqu’à la haute cour dans le seul but d’accéder au donjon.
Soudain, j’aperçois un garde qui me vise avec son arbalète, je me baisse habilement pour éviter sa flèche. Je me relève prestement et d’un mouvement rapide, lui lance ma massue en pleine face, le faisant tomber en arrière. Je prends mon poignard et l’achève d’un coup bref. J’arrive à la porte du donjon, un vassal de Raoul me barre la route. D’un geste rageur il lève son épée sur moi, il est si près que je peux lire la folie dans ses yeux injectés de sang. La peur me tenaille le ventre, je sens ma dernière heure arriver.
L’expérience me manque pour venir à bout de ce soldat aguerri. Je lutte difficilement. Subitement je vois la surprise dans ses yeux. Il s’écroule sur moi. Thibault vient de lui donner un coup de hache dans le dos. Je me dégage de mon adversaire après quelques minutes de réflexion. La sueur dégouline le long de mon heaume à nasal, je ne suis pas encore remis de mes émotions. Je me précipite jusqu’au donjon.
Au premier étage je vois mes compagnons se battre rageusement contre les vassaux et chevaliers du seigneur. Je pense donc que je ne leur suis d’aucune utilité et je monte au deuxième étage. Il n’y a personne. Ma conclusion est rapide : le seigneur a fui et ma seule intention est de le retrouver. Mais Thibault a été plus rapide que moi. Il est déjà au troisième étage en train de combattre loyalement contre le seigneur Raoul, bien décidé à remporter ce combat. Je ne peux intervenir : Cela serait contraire à nos règles de chevalerie. Malheureusement, Thibault est mortellement blessé au ventre. Je me précipite près de lui. J’enlève mon heaume. Mais il est déjà mort. Une bouffée de colère m’envahit alors. Je saisis mon épée et je plonge sur le seigneur. Raoul a été affaibli par son combat avec Thibault et il ne s’attend pas à ce que je le défie. Il n’a plus assez de force pour lutter. C’est donc sans difficulté que je lui tranche la gorge.
Moi, Guillaume Poyet, lors de mon premier assaut, j’ai vengé la mort de mon ami Thibault. Je sors et je regarde le spectacle désastreux et terrifiant qui s’offre à mes yeux.
Certes, nous avons gagné le combat, mais beaucoup de mes compagnons ont péri.