Textes des lauréats collèges - lycées
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6ème sujet 1
Eporedorix et Marcus entrent dans l’arène
Elise DUMAS Collège du vallon AUTUN
En 4016, dans la forêt Aréna au Brésil, vivent Eporédorix et Marcus, deux jeunes ouistitis âgés d'un an. Eporédorix est un petit animal coquin et curieux. Marcus, son frère jumeau est tout son contraire. Les deux frères vivent paisiblement dans cette belle forêt verdoyante. Ils passent leurs journées à cueillir des bananes, à se disputer, à s'amuser et à dormir.
Un jour, leur tranquillité est dérangée par l'arrivée bruyante d'un camion beige. L’engin s'arrête brusquement au pied d’un bananier. Un petit homme descend du camion pour cueillir des bananes. Eporédorix perché sur une branche observe les moindres faits et gestes de ce personnage. Attiré par l'odeur des bananes qui s'entassent dans le camion, le petit ouistiti saute dans l'engin, suivi de Marcus. Soudain, la porte du camion se referme. Les ouistitis sont pris au piège ! Le bruit du moteur se fait entendre. Les deux frères sont paniqués et se blottissent l'un contre l’autre. Leur route est longue et le camion bouge beaucoup sur la route sablée de l'Amazonie...
Arrivés à Rio de Janeiro, le petit bomme ouvre la porte du camion et les ouistitis en profitent pour s'échapper. Dans cette grande ville, ils sont troublés par le bruit, les lumières et l'agitation autour d’eux. Ils essayent de trouver un endroit pour passer la nuit car il se fait tard. Par chance, les deux frères trouvent un petit trou qui mène à un grenier. Ils décident d'y passer la nuit. Le lendemain matin, affamés, ils partent à la recherche de nourriture. Après avoir parcouru la moitié de la ville, ils se retrouvent devant un zoo. Ils se dirigent vers l'entrée du box des tamarins et des ouistitis. Les frères se faufilent à l'intérieur et se précipitent pour dévorer la nourriture. Olivius, un vieux tamarin s’approche des ouistitis et écoute leur mésaventure. Les trois singes se lient d'amitié. Pourtant, Eporédorix et Marcus sont malheureux dans le zoo. La forêt Aréna leur manque. Ils font part de leur décision. de partir à Olivius, mais ne savent pas comment s'y prendre. Olivius connaît un endroit mystérieux près du zoo qui pourrait les ramener chez eux.
Les trois singes décident donc de s’y rendre. Ils y trouvent une machine permettant de changer de forme, de taille, de personnalité et de lieu, tout en voyageant dans le temps. Eporédorix saute dans la machine tout de suite, Olivius le rejoint. Marcus hésite… La porte se referme lentement. Eporédorix appelle son frère de toutes ses forces. Marcus les rejoint au dernier moment. Olivius tape sur un clavier fixé au mur le lieu désiré : Aréna. La machine se met en route. Des lumières clignotent, un bruit strident se fait entendre. Ils sont aveuglés par une forte lumière et sont soulevés du sol par une force mystérieuse.
La machine les a transformés en gladiateurs. Ils sont transportés dans l'Antiquité, au Colisée de Rome. Eporédorix et Marcus sont des gladiateurs puissants grâce à Olivius qui a été transformé en glaive. Olivius est accroché à la ceinture de cuir d'Eporédorix. C'est l'heure du combat. Eporédorix et Marcus entrent dans l’arène. Face à eux surgissent des lions. Il y en a au moins une dizaine. Eporédorix et Marcus sont seuls face à ces bêtes féroces. Eporédorix leur donne des coups de poing tandis que Marcus utilise son glaive. Ils se battront jusqu'au bout. Des tigres rejoignent les lions. La foule assise sur les gradins les encourage. César, lui, observe attentivement ce qu’il se passe tout en mangeant ses fruits juteux et appétissants. Eporédorix commence à avoir mal au poing et à se fatiguer. Marcus lui lance alors Olivius pour l'aider, mais ne voit pas qu’un lion est prêt à lui bondir dessus.
« Attention, derrière toi ! » crie Eporédorix.
Marcus se retourne et tombe au sol. Le lion est prêt à lui arracher la tête quand soudain ils redeviennent des ouistitis et un tamarin et sont renvoyés dans la machine...
« Que se passe- t-il ? Comment as-tu fait ? » demande Eporédorix.
« J’ai simplement souhaité retourner chez nous, et j'ai crié que ce n'était pas la bonne arène. Je pense que la machine a exaucé mon vœu. » répond Marcus.
Eporédorix tape sur le clavier fixé au mur : Aréna. La machine se met en route. Les lumières clignotent, le bruit strident se refait entendre. Ils sont encore aveuglés par la forte lumière et sont soulevés du sol par la force mystérieuse.
La machine a transformé Eporédorix et Marcus en footballeurs et Olivius en ballon. La demi-finale de la Coupe du monde de 2006 à Munich en Allemagne commence. Eporédorix et Marcus entrent dans le stade Allianz Arena entourés de leurs coéquipiers. Le public les acclame et crie leurs prénoms. Le match commence. l.es joueurs courent beaucoup. Olivius prend plein de coups. Il est touché par des mains qui le jettent par terre pour le faire rebondir. Il est frappé de plein fouet par des pieds. Quand il entend « Passe » le coup est violent, mais quand il entend << Tire », la douleur est insupportable. Quand Eporédorix se rend compte de la souffrance d’Olivius, il fait le vœu de rentrer chez lui, dans sa forêt car la machine s’est encore trompée d’arène.
Marcus retape sur un clavier fixé au mur le lieu désiré : Aréna. La machine se met en route. Les lumières clignotent, le bruit strident se refait entendre. Ils sont encore aveuglés par la forte lumière et sont ensuite soulevés du sol par la même force mystérieuse.
La machine s'est encore trompée ! Elle les a transformés en bels hommes riches de 2016. Eporédorix et Marcus sont les fréros de Levaga et Olivius leur micro. Eporédorix et Marcus sont contents de faire des concerts, d'être beaux, d'être riches et célèbres. Ce soir ils vont se produire dans une immense salle de concert à Montpellier : L’Aréna. Eporédorix et Marcus entrent dans l’arène devant 15 000 spectateurs enthousiastes. C’est bien d’être riches et beaux, mais les petits singes préfèrent être des ouistitis et Olivius être un tamarin et se régaler de bonnes bananes. Ils décident donc ensemble de demander à la machine de les renvoyer chez eux dans la forêt.
Ils se retrouvent une dernière fois dans la machine.
Cette fois-ci les trois singes se concertent pour taper sur le clavier fixé au mur : la forêt Arena. La machine se met en route. Des lumières clignotent, un bruit strident se fait entendre. Ils sont aveuglés par une forte lumière et sont soulevés du sol par une force mystérieuse.
A leur grande joie ils se retrouvent enfin dans leur forêt verdoyante : Aréna. Ils se trouvèrent des amis et une famille. Et ils vécurent heureux avec plein de bananes à volonté !
6ème sujet 2
À table !
Mervé SAGER Collège du Parc des Chaumes AVALLON
Sous la table je vis mon portable grossir grossir grossir tant qu’il me dévora en un seul coup : je me retrouvai dans l’écran de mon i-phone. Pile au moment où j’allais boire mon chocolat chaud et manger ma tablette de chocolat noir au lait. Je criai de toutes mes forces, mais personne ne m’entendit. Mon père me marcha au moins dix fois sur mon écran. Trois heures plus tard ma mère rentrait, elle prit mon goûter et le but, mon chocolat chaud ! Ma petite sœur, mon frère et ma tante venaient aujourd’hui manger chez moi, ma mère cria :
- « À table !!!!!! »
Ils coururent à table et se mirent à manger en versant des miettes que je ramassais. Ma tante demanda à ma mère où j’étais. Elle lui répondit qu’elle ne savait pas et puis toute la famille se mit à crier, à ce moment je sortis de mon téléphone et hurlai :
- « À table !!!!!! »
Toute la famille regarda mon téléphone rapetisser. Je me réveillai allongée sur la nappe, mon téléphone à la main.
5ème sujet 1
Une aventure courtoise
Lucie MARTINOT Collège pierre Paul Prud’hon CLUNY
À la saison où les fleurs éclosent, où l’herbe est délaissée par son beau manteau blanc, où la nature se réveille petit à petit d’un long sommeil, où le soleil réapparaît, le chevalier Enguérand de Montjeu revient chez lui. Il vient de se faire adouber auprès de son roi. Il a reçu ses armes étincelantes et son cheval. Son destrier est d’un très beau bai brun, avec trois balzanes et une magnifique liste sur le chanfrein : c’est sans doute le plus bel étalon de tous les chevaliers. Il galope plus vite que les autres et est plus musclé. Enguérand doit aller s’entraîner à la quintaine avec son fidèle destrier. La quintaine, un mannequin en osier qui a un écu et une barre, permet d’apprendre l’esquive et le maniement des armes aux nouveaux chevaliers. Après cet important événement, le chevalier va trouver sa damoiselle et demander sa main à son père.
Marie, sa damoiselle, est une merveille de la nature. Elle a un teint de porcelaine rehaussée d’une jolie couleur vermeille. On se perd dans ses yeux bleus car ils sont plus beaux que mille étoiles réunies. Ses cheveux blonds ressemblent à de l’or. Les deux jeunes gens se sont rencontrés dans les bois pendant qu’Enguérand se promenait, ce fut le coup de foudre tout de suite. À cette pensée le noble chevalier pique des deux pour la retrouver.
Marie habite dans la colline adjointe à la vallée où le seigneur qui a formé Enguérand réside. Son père est berger et sa mère est décédée à son accouchement. Le père de Marie est un vieil homme barbu qui a du mal à marcher, alors en général c’est elle qui s’occupe du troupeau de moutons. Le beau chevalier, parti chercher Marie, ne trouva que son père en sanglots sur un rocher près de ses moutons.
« Mais que vous arrive-t-il, monsieur ? demanda Enguérand.
- Ma fille, Marie, s’est fait enlevée par une bête ailée.
- Mais que voulait-elle faire de Marie ?
- Elle avait l’air affamée, j’espère que cette bête félonne ne lui a pas fait encore de mal.
- Ne pleurez pas, j’irai la sauver, mais en échange j’ai une requête à vous faire.
- Tout ce que vous voudrez, noble et courtois chevalier.
- Accordez moi le privilège de l’aimer et de me marier avec cette damoiselle si tendre et charmante. »
Le berger parut réfléchir quelques instants car il n’est pas coutume qu’un noble demande la main d’une simple paysanne, puis il accepta.
Le chevalier demanda au berger :
« Dans quelle direction est partie cette bête félonne ?
- Là-bas », dit-il en désignant la Gaste forêt.
Le chevalier éperonna son cheval et ils s’élancèrent, son fidèle destrier et lui, en direction de cette forêt sombre et délaissée, laissant derrière eux cet homme qui gardait un peu d’espoir en lui.
Plus il avançait au cœur de cette sombre forêt, plus elle semblait terrifiante, mais ce courageux chevalier ne se laissa pas décourager. Soudain, il entendit un bruissement derrière les buissons, le chevalier sur ses gardes sortit son épée. Le son se faisait de plus en plus fort, le chevalier vivait cet instant comme s’il n’y avait rien autour de lui, comme s’il était seul face aux buissons où le monstre qui avait enlevé Marie pouvait se cacher et sortir à tout moment. Mais du buisson ne jaillit qu’un goupil. Alors qu’Enguérand allait repartir à la recherche de Marie, il entendit un rugissement qui ne pouvait être que celui de la bête féroce. Il piqua des deux dans la direction d’où venait le bruit. Il arriva alors dans une vaste prairie et découvrit un serpent muni d’ailes et de pattes. Ses ailes devaient être aussi grandes que le plus grand de tous les sapins de cette forêt. Elles étaient noires et violettes. Ses crocs étaient acérés comme des lames de poignard. Ses yeux d’un vert acide lançaient des éclairs. Ses écailles étaient d’un noir profond, sauf sous le ventre où elles étaient vertes. Sachant cracher du feu, ce prédateur devait être un monstre redoutable. Cherchant aux alentours Marie, le valeureux chevalier la découvrit emprisonnée dans sa queue, se demandant pourquoi il ne l’avait pas mangée. Il réfléchit à un plan pour délivrer sa belle. Comment fera-t-il ?
Enguérand ne trouvant pas de plan sauta de son cheval et prit son heaume. Il n’y avait qu’une seule solution : combattre ! Ce courageux chevalier sortit son épée puis il attaqua la bête félonne. Celle-ci essaya de la fouetter, mais Enguérand se protégea immédiatement avec son écu avant que la queue ne l’atteignît. Le dragon s’enfuit avec Marie.
Le chevalier ne perdit pas une seconde, il sauta en selle et éperonna son cheval : il veut rattraper le serpent. Il arriva au niveau de la bête mais celle-ci le désarçonna et il heurta un rocher. Le brave était à terre et la bête ailée le mordit. Ses crocs percèrent le haubert et le venin se mêla au sang du chevalier. Après un court instant, il se releva et transperça la bête traitresse avec sa lance. Celle-ci tomba sur le sol et Enguérand l’abattit avec sa fidèle épée. Sentant que la mort s’emparait de lui, le chevalier se couche dans l’herbe et bat sa coulpe. Marie, terrifiée, s’accroupit à côté du preux chevalier. Elle lui ôte son heaume puis son haubert. Quand elle lui enlève ce dernier elle voit une terrible morsure qu’elle soigne, car elle a des dons de guérison qui, d’après son père, lui viendraient de sa mère décédée. Le fougueux gentilhomme se réveilla et vit sa bien-aimée à côté de lui. L’excitation monte alors en lui et il la serre contre son corps. Celle-ci lui fait remarquer qu’il ne fait pas preuve de courtoisie, mais elle est contente de le retrouver, alors elle se laisse faire. Elle lui raconte en détail comment elle l’a sauvé. Epoustouflé, il lui relate comment il l’a retrouvée et lui confie sa conversation avec son père. Ils décidèrent de rentrer au plus vite chez le berger pour se marier. Sa monture l’attend à côté de lui, Marie s’en est occupée à la perfection. Le cheval n’a plus de plaies et son poil est lustré, il est prêt à les ramener sains et saufs chez le berger. Marie grimpa sur la croupe du cheval, Enguérand monta en selle et ils chevauchèrent pour retrouver le père de Marie. Le preux chevalier repensa au fait que la bête félonne ne l’avait pas dévorée. Il lui posa la question. Elle lui répondit :
« C’était un puissant sorcier qui voulait se marier avec moi, et il s’était transformé en dragon pour ne pas se faire repérer. Heureusement que tu es venu, je n’aurais pas supporté d’être loin de toi. »
Ils rentèrent et fêtèrent leurs noces, puis eurent de nombreux enfants et s’aimèrent pour toujours. Le père de Marie nageait dans le bonheur car sa fille était de retour et qu’elle avait rencontré l’homme qui lui apportait du bonheur et de la joie sans se préoccuper de sa modeste condition sociale.
5ème sujet 2
Pas si bêtes …
Marianne CAUDRON Collège du Parc des Chaumes AVALLON
D'abord, que signifie bête,
C'est sûrement un mot très intelligent,
Un mot simple et amusant,
Que les gens chantent à tue-tête !
Pourquoi dit-on bête comme chou,
Alors que le chou, c'est délicieux,
Les choux à la crème sont si merveilleux,
Avec leur saveur, leur si bon goût !
D'ailleurs, la Bête n’est pas vilaine,
La preuve, la Belle l'a bien embrassée
En lui prouvant son amour acharné,
Et lui offrant un visage plus amène !
La Bête à bon Dieu, en même temps
Avec ses belles ailes rouges
Tachetées d'une multitude de points noirs,
Elle annonce le renouveau du printemps.
On dit aussi que les personnes bêtes sont des feignants,
Et alors l’expression « travailler comme une bête » ?
Ce que tout le monde dit, c'est très bête
Et au final, ça ne nous rend pas très intelligent.
Au collège beaucoup de personnes en sont à l'âge bête,
Un âge pas très compliqué, un âge plutôt rigolo,
Là où mon frère y est rentré trop tôt
Et dans sa tête il voit encore des alouettes !!!!
4ème sujet 1
Mon combat
Alice BEAUDOIN Collège du Petit Prétan GIVRY
Parfois je me demande comment ça se fait : comment ça se fait que chaque personne, chaque être ou même chaque objet ait un destin si fragile, que tout peut basculer ; comme à cet instant…
Moi, Léa, 17 ans, encore jeune, trop jeune… J'étais assise sur un fauteuil peu confortable, entourée de murs blancs, ternes et déprimants ; tellement de questions traversaient mon esprit…
Pourquoi ? Qu'avais-je fait ?
Tout ce que je croyais savoir sur la vie, la mort, le destin, le hasard, tout ça avait disparu pour laisser place à une tristesse et une anxiété que je n'avais jamais connues auparavant.
Un infirmier se tenait devant moi, deux minutes auparavant, et m’avait annoncé la nouvelle.
C'était un cancer, un cancer bien avancé, un cancer qui allait choisir pour moi si je vivrais ou si je mourrais. Mon destin dépendait à présent de ce cancer.
Je vis ma mère arriver vers moi, en larmes ; ma mère… Ma mère à qui je dois tout, ma mère a qui je n'ai pas assez montré à quel point, au fond de moi, je l’aime.
Mon anxiété laissa place à des regrets ; j’ai 17 ans… J'aurais pu faire tellement de choses en 17 ans, j'aurais pu découvrir le monde, aimer, donner tout ce que j'ai à ceux qui en ont vraiment besoin ! Mais je n'ai rien fait, j’ai passé mon temps à tout repousser au lendemain, en me disant « J’ai le temps, ça va, je ne vais pas mourir aujourd’hui ! »
Ah ! Si j’avais su ! Si j’avais su… Mais je n’ai pas su… je ne m’y attendais pas, c’était comme si ça pouvait arriver aux autres, mais pas à moi… Ou même comme si c'était une simple légende, un mythe… Mais aujourd'hui, je me rends compte que non, ce n'est pas un mythe... Au fond de moi il y a une once d'espoir, l'espoir de me réveiller et que ne fut qu’un cauchemar, un horrible cauchemar… Mais je ne me réveille pas, ce n’est pas un cauchemar…
Je suivis ma mère en direction de la voiture. Ma mère me suivit d’un air accablé. J’aurais aimé lui dire qu'il ne faut pas être triste, non, que tout va s'arranger, et qu'on sera ensemble toutes les deux dans notre vieille maison, et qu’on sera heureuses, oui, heureuses ! Mais… Comment affirmer quelque chose alors que moi-même, je n’y crois pas ?
Le chemin était long et silencieux; on n’osait pas parler, de peur que la situation empire…
Le paysage gris défilait sous mes yeux. Ce paysage, que je ne reverrais peut-être pas, avait l’air, lui aussi, si triste… Mais que faire ? A part me lamenter, je ne pouvais rien faire, la vie, le destin avaient décidé de mon sort…
Quand nous fûmes arrivées, j'allai directement dans ma chambre. Je ne voulais pas que ma mère me voie pleurer.
Je me tournais vers un miroir, et pour la première fois, je ne voyais pas juste mes défauts, mes imperfections… Je me voyais, moi, juste moi. Et lui, tout lui. Alors, une haine m’inonda. Tout mon corps était rempli de cette haine, de cette rage envers mon cancer. Je suffoquais face à ce monstre qui me dévorait petit à petit. Je voulais vomir toute cette abomination, cette injustice flagrante, cette ignominie. Je voulais hurler mais j’étais sourde de cris muets qui emplissaient mon cœur et ma tête. J’étais paralysée par cet être ignoble qui se jouait de moi, qui m’emprisonnait et me transformait en une piteuse marionnette.
Et puis je vis mes yeux. Une lueur. Un reste de braise.
Je n'allais pas me laisser faire !
Sans que j’aie eu besoin de réfléchir, des mots surgirent de ma bouche ; les mots les plus convaincants que je n’avais jamais prononcé auparavant.
« Si tu crois que ça va se passer comme ça ! Je ne laisserai pas ma vie entre tes mains ! Je me battrai jusqu’au bout !
Je ne suis pas du genre à abandonner ! J’ai encore trop de choses à vivre pour te laisser tout gâcher !
Je ne suis pas une proie facile, retiens-le !
Jusqu'à présent je n'ai jamais cessé de me battre pour ce qui me tient à cœur, et ce n’est pas près de changer.
C'est décidé, je me battrai contre toi et personne, non personne, ne pourra m’en empêcher ! » Les premières notes de « Pandémie » de Mr Yéyé, ma chanson préférée retentirent ; c’était Emma qui m’appelait…
J'hésitais : comment allais-je lui annoncer la triste nouvelle ?
Je pris une grande inspiration et décrochai.
Emma avait l’air un peu inquiet, mais sa voix ne tremblait pas autant que la mienne.
Quand je lui eus annoncé mon cancer, il y eu d’abord un long silence qui dura quelques secondes, puis la voix d’Emma, sèche et déterminée :
« Et quoi ? Tu vas attendre en silence que ton cancer te tue ? Tu vas rester là, les bras croisés à broyer du noir ? Et bah je ne te laisserai pas faire ! T’inquiète pas ma poule, j'arrive et je vais te faire bouger ! Tu vas rire et être heureuse, d’accord ? Si ces derniers mois sont censés être tes derniers instants, autant qu'ils soient mémorables et merveilleux ! »
Ses paroles me firent sourire, je repensais aux mots que j’avais moi-même prononcés juste avant. Emma avait l'art de relativiser et d'être toujours là pour ceux qui ont besoin d'elle, ce n'était pas pour rien qu’elle était ma meilleure amie.
Quelques minutes plus tard, elle était là, devant moi, avec son plus beau sourire. Ses yeux rouges indiquaient qu’elle avait pleuré, mais elle tenait bon… Elle se plaisait à dire que lorsqu’on sourit, on en devient heureux.
Pendant un long moment nous marchâmes sans but, seuls nos pas nous guidaient. Une musique enjouée attira notre attention ; c’était un cirque qui venait de s’installer dans notre petite ville.
Nous nous dirigeâmes machinalement vers ce cirque et nous prîmes place dans le grand chapiteau rouge et blanc.
Le spectacle commença avec une jeune trapéziste habillée d'un justaucorps bleu et blanc ; elle volait de trapèze en trapèze, comme libre ; la gravité était là, mais elle s'accrochait et restait dans les airs. Vinrent ensuite les dompteurs de fauves, les clowns, les jongleurs, les cracheurs de feu… Tout était parfait, et j’en vins même à oublier ce qui m’avait amenée ici.
Après le spectacle, Emma et moi restâmes là, avec une barbe-à-papa, à parler de tout et de rien, à avoir des fous rires, comme si mon cancer n’existait plus.
Lorsque nous pûmes voir les étoiles dans le ciel, nous restâmes quelques instants à admirer la beauté de la nuit, puis nous partîmes chacune de notre côté, un large sourire aux lèvres, satisfaites de cette soirée.
Aujourd'hui nous sommes le 4 Avril 2016 ; cela fait un mois que je vis avec mon cancer.
Je ne sais toujours pas si je vais m’en sortir : j’oscille entre la vie ct la mort, et mes chances de survivre diminuent.
Mais le souvenir de cette sortie au cirque avec Emma resterait à jamais gravé dans mon cœur : et c’est grâce à ce souvenir et à Emma que je garde ce courage, cette ténacité, et que je me bats : je me battrai jusqu’au dernier moment !
Si tu crois que ça va se passer comme ça…
4ème sujet 2
Mon Morvan
Matys VAN TIEL Collège Antony Duvivier LUZY
Vous avez gagné un voyage
Seulement, mais un voyage où ?
Nan, parc’que moi, j’en veut bien un voyage, mais encore faut-il savoir où il nous emmène.
Pas faire comme Boule & Bill, quoi !
Et le pire, c’est que j’ai reçu ça, comme ça, c’matin, un billet dans la boîte, en plus du catalogue d’La Redoute et d’l’a pub du Bricomarché. Il était tout p’tit, de la taille d’un carton de visite, sur lequel il y est écrit noir sur blanc : «Vous avez gagné un voyage. » Et c’est signé : « Société Voyage-Entrecom. » Mais qu’est-ce que peut bien être ce fichu truc (voyage, devrais-je dire) ?
Même mon ami Google ne me dit rien (sur la société), alors, vous vous rendez compte ?! Pfffut, rien !!
Alors si ce bidule servant à rechercher ne trouve rien, qu’est-ce que ça peut bien être ? Foutu ****, oui !
Me reste plus qu’à philosopher à la Jourdain.
Mais si ça s’trouve…
On m’emmènerait dans des îles paradisiaques, comme Bora-Bora, Barbados, l’île Maurice ou encore Tahiti, (dont on entend bien parler, ces temps-ci, où y disent même qu’elles risquent à tout moment d’être submergées par l’eau…) euh. En fait, très peu pour moi, merci !
Où sinon, je partirais pour la Chine, avec ses monuments, sa gastronomie, son paysage… En plus, le chinois (mandarin, merci Google – qui trouve quelque chose, pour une fois) est la langue la plus parlée au monde (mais aussi un pays pauvre)…
Finalement, autant aller en Amérique, au Mexique, par exemple, avec sa grande histoire coloniale, sa gastronomie (c’est parce que j’ai faim…), sa culture, ses plages, ses trafics de drogue incessants… Gloups.
Et puis, finalement (après encore un p’tit temps d’imagination), j’ai compris. Ca ne sert à rien de vouloir partir, voyager à l’autre bout du monde, pour trouver le meilleur endroit possible… Nan. Ca sert à rien, et ça sert à rien car le meilleur endroit au monde c’est ici. Chez moi : Ma maison. Mon jardin. Ma famille, mes amis. Mon Morvan, quoi. Mon Morvan et ses prés et ses vaches. Mon Morvan et ses fichus gaulois. Mon Morvan, mon trou paumé que personne ne connaît, et dont tout le mond’ s’en fiche. Mon Morvan, mon chez Moi.
Ouais, Mon chez Moi.
Et il finit par déchirer violemment son billet, puis en jeter les infimes restes dans ce qu’on pourra appeler une poubelle, tout cela avec un grand sourire – ce qui était assez rare chez lui.
3ème sujet 1
Mode d’emploi pour regarder les étoiles
Charlotte VIDAL Collège Jean Moulin MARCIGNY
« - Il était une fois… »
« - Non, arrête tout de suite ! » la coupa Antoine.
Claude le regarde, surprise. Allongé dans son lit, le petit garçon fixait sa Mamie très sérieusement.
« - Bah ! Pourquoi veux-tu que je m’arrête ? Tu m’as bien demandé que je te raconte une histoire, non ? »
Antoine répliqua :
« - Oui, mais des histoires, tu m’en racontes depuis que je suis tout petit. Je les aime beaucoup, elles sont toutes géniales ! Mais aujourd’hui, j’aimerais autre chose. »
Sa grand-mère sourit et lui demanda :
« -Alors, que veux-tu que je te raconte ? »
Il lui déclara :
« - Je voudrais que tu me racontes le monde. Pas trop de détails s’il te plaît, mais avec beaucoup de réalisme. Ajoute ce que tu veux, je te fais confiance pour le reste. »
Claude se trouva bien embarrassée : pourquoi voulait-il qu’elle lui raconte un sujet aussi vaste et compliqué ?
« - Mais dis-moi Antoine, pourquoi veux-tu donc que je te parle de cela ? »
Le garçon devint tout d’un coup triste et baissa la tête.
« - Quand j’étais plus petit, je voyais le monde heureux. Les gens souriaient, se côtoyaient joyeusement. C’était pas un monde parfait bien sûr, mais on cherchait et on trouvait souvent des solutions aux problèmes de la vie. Le monde me semblait simple, plus heureux, et la vie plus belle et colorée.
Aujourd’hui, les gens font tous la tête. Pour être beau sur un selfie, pour faire sérieux, il ne fait surtout pas sourire ou même montrer un tout petit peu qu’on est heureux. Sinon on est considéré comme quelqu’un de bizarre, comme un gamin. »
Sa Mamie comprenait à présent. Ce fut à cet instant précis qu’elle eut une idée de génie. Elle sourit et lança :
« - J’ai compris mon grand. Ecoute bien, je vais te raconter une histoire dont tu te souviendras toute ta vie. »
Elle lui raconta.
« Il y avait dans mon jardin un jeune arbre qui était encore tout petit. Tout ce qu’il voyait, c’était le sol, les merveilleux insectes et les magnifiques fleurs. Il était heureux parce que personne ne l’embêtait, tout le monde le laissait pousser à sa guise.
Un jour, il avait tellement grandi que ses branches commencèrent à observer le monde autour. Ce qu’il vit le terrorisa : un ciel tout gris, des corbeaux noirs ricanant, de méchants oiseaux mangeant ses rares fruits, un jardinier qui lui coupait ses branches. Il eut la sensation d’être seul au monde et dans un monde qu’il découvrait absolument horrible et froid.
Une nuit, le voyant malheureux, un rouge-gorge s’approcha de lui et lui demanda :
« - Mais que t’arrive-t-il mon ami ? »
Le petit arbre répondit en pleurnichant :
« - J’en ai marre ! J’aurais jamais dû grandir ! Tout ça pour voir un monde sans pitié, sans joie et sans couleurs ! Je veux retourner avec les insectes, chanter avec eux autour du feu, rejoindre les fleurs pour rire et discuter des choses sans vrai intérêt ! Je ne veux pas rester ici ! »
L’oiseau le regarda, attristé. Il vola, se posa sur lui et lui murmura en souriant :
« - Hé ! Arrête de pleurer, je vais t’aider. »
Le petit arbre se redressa et le coupa :
« - Oh chouette ! Tu vas chasser le jardinier ? Tu vas faire fuir les vilains corbeaux et les horribles nuages gris ? Et les méchants oiseaux qui viennent piquer mes fruits, tu vas les faire partir ? »
Le rouge-gorge éclata de rire.
« - Bien sûr que non ! Mais tu sais, ce n’est pas parce qu’on te montre un monde qui semble affreux qu’il est affreux. »
Il s’énerva.
« - N’importe quoi ! Mais qu’est-ce que tu racontes ? Le monde, il est horrible ! C’est comme ça, il n’y a pas d’explications ni de personnes qui me le font croire. Le monde est ainsi. Tu veux juste contredire tout le monde pour te croire plus malin et plus heureux que les autres ! »
Son ami le fixa dans les yeux d’un regard plein d’amour et de compréhension. Puis il tourna le regard vers les étoiles et il lui expliqua :
« - Tu vois les étoiles là-haut ? Elles sont magnifiques. Mais si tu ne lèves pas la tête pour les admirer, tu ne trouveras autour de toi qu’une nuit sombre et inquiétante.
Pendant le jour, c’est la même chose ! Dès que les arbres voient un ciel couvert de nuages gris, ils n’essayent même pas de chercher les rayons de soleil filtrant à travers les nuages ou le magnifique arc-en-ciel qui est juste devant leurs yeux.
Certains le voient, c’est super ! Mais parmi eux beaucoup diront : « A quoi bon se réjouir ? L’arc-en-ciel s’en va déjà et les nuages gris demeurent. »
Mais si tu veux voir et entendre le monde tel qu’il est vraiment, il faut aussi prendre le bon côté des choses, tu ne crois pas ? »
Le petit arbre réfléchit un instant avant de conclure :
« - En fait, il faut être optimiste, c’est ça ? »
Le rouge-gorge avertit :
« - Oui, mais pas trop ! Si tu es trop optimiste, tu ne vois plus les soucis, et là aussi, ta perception du monde est modifiée. Ça s’appelle l’insouciance. Tu connais ça lorsque tu es petit : le monde te semble parfait ! C’est important de connaître cette période de la vie : c’est à ce moment là que tu découvres la joie et la simplicité. Mais un jour ou l’autre, il faut grandir et regarder la réalité en face. »
Il objecta :
« - Oui, je suis d’accord. Mais je ne savais pas que grandir c’était aussi vivre dans un monde plein de corbeaux qui te harcèlent, avec un jardinier qui coupe tes jeunes et jolies branches, et avec des horribles oiseaux qui mangent mes premiers fruits ! J’avais déjà mes fruits, tu te rends compte ?! »
L’oiseau sourit et continua :
« - C’est que tu n’as pas bien cherché le bon côté des choses, on dirait !
Le jardinier coupe tes branches pour te former, pour te montrer la dureté de la vie, et grâce à cette épreuve qu’est la taille, tu vas devenir fort pour résister et tu grandiras deux fois plus vite !
Les oiseaux qui mangent tes fruits, laisse-les ! Tu vas devenir de plus en plus productif, de plus en plus d’oiseaux viendront, mais toi, ignore-les ! La récolte sera abondante si tu ne désespères pas !
Et ces corbeaux qui ricanent, ne les écoute pas ! Prête plutôt attention au doux chant des oisillons quand le jour se lève !
Et tu ne m’en as pas parlé, mais je te préviens : même si tu vois des forêts entières être détruites autour de toi à cause des bûcherons, garde espoir ! Tu es un petit arbre pour agir contre eux, mais n’oublie pas : tu ne dois pas agir contre eux, mais pour ceux qui sont tombés. Répand tes graines de joie et de paix et tu auras bien fait ton boulot ! »
Silence. L’arbre avoua :
« - Je comprends et je suis d’accord avec toi. Tu as raison : le mode a quelque chose de beau. Il nous suffit de le voir, de l’admettre et d’y participer ! Mais j’ai une dernière remarque : si je suis heureux et que je fais attention au bon côté des choses, les gens autour de moi vont se moquer en disant que je ne suis encore qu’une graine. »
Son ami s’écria :
« - Et alors ? Ignore-les ! Personne n’a le droit de t’empêcher d’être heureux ! Et ce n’est pas parce que tout le monde est triste que tu dois l’être aussi. On n’est pas plus sérieux en faisant la tête ! »
L’arbre éclata de rire et se remit à pleurer, mais cette fois-ci des larmes de joie. Il hoqueta :
« - Merci ! »
Le rouge-gorge s’envola vers les étoiles. »
Antoine avait demandé à sa Mamie le monde. Mais elle, elle a eu envie de lui raconter comment être heureux dans le vrai monde d’aujourd’hui.
Son petit-fils s’était mis à pleurer lui aussi. Claude continua :
« - Le monde ne vas pas rester tel que tu l’imagines, mon cœur. Mais toi, tu peux rester heureux.
Il est tard, bonne nuit, mon grand ! »
Elle se leva, déposa un baiser sur son front. Elle s’apprêtait à partir, quand le petit garçon se redressa.
« - Attend Mamie ! J’ai compris ton histoire, mais j’aimerais savoir : pourquoi l’oiseau s’envole vers les étoiles ? Qu’est-ce que tu as voulu dire ? »
Sa grand-mère acheva en souriant :
« - Je suis le rouge-gorge. Si un jour je m’en vais, n’oublie jamais de lever la tête pour admirer les étoiles. Parce que l’amour est plus haut que les étoiles.
3ème sujet 2
Une amie et une planète
Laura BERCHOUX Collège Jean Moulin MARCIGNY
Mars, la nuit, resplendit au milieu d'un océan d'étoiles. Sa beauté est telle que je ne peux m'empêcher de l’admirer. Mon amie aussi aimait ses couleurs perçant le bleu glacial du ciel. C'était une nuit où ces couleurs dansaient librement dans le ciel que je l'ai rencontrée. Ce soir-là, je me promenais tranquillement, la fraîcheur d’une brise d'été me traversait, et au loin, assise dans l’herbe, je l'aperçus. Elle se trouvait au bord d’une rivière et observait la magnifique planète. La curiosité m’attira vers elle. Elle semblait perdue dans ses pensées. Je m’approchai calmement et lui dis :
- Bonsoir.
Elle sursauta et me regarda, surprise. Puis elle se reprit et me répondit :
- Bonsoir.
Avec un grand sourire.
- Que fais-tu ? la questionnai-je.
Et d’une petite voix elle me dit :
- J’observe Mars.
C'est ainsi que débuta notre amitié et que je commençai à porter de l’intérêt pour le ciel nocturne. Toutes les fois où la belle planète apparaissait au milieu des étoiles, nous allions la voir. Le plus souvent nous n’arrivions qu’à fixer un petit point rouge au milieu d’un océan infini de petites lumières éclatantes. Mais nous nous amusions et discutions pendant des heures sans nous arrêter. Entre deux éclats de rire nous regardions le petit point rouge à travers le télescope. Et deux jours après nous arrivions au lycée avec un gros rhume. L’astre rougeâtre nous avait donné les plus belles années de notre vie. Mais voilà, dans chaque vie, le malheur peut tomber à tout moment.
Elle n’était pas très solide physiquement, elle tombait régulièrement malade. Il faut dire qu’elle passait souvent la nuit dehors ou la fenêtre ouverte. Mais cette fois, c’était plus grave. Cela faisait un mois qu’elle était au lit sans pouvoir se lever. Je venais lui rendre visite dès que j’en avais l’occasion et je voyais à quel point son état empirait de jour en jour. Je m’inquiétais tellement que je n’en dormais presque plus la nuit. Tout le monde s’en apercevait : elle allait très mal.
Puis un jour il fallut l’emmener à l’hôpital. Quand on m’annonça son départ, !a peur m’envahit brusquement, des idées sombres fleurirent dans ma tête. A mon grand soulagement elle allait bien, du moins mieux que ce que j’avais imaginé. Durant chacune de mes visites elle me rassurait et me disait qu’elle serait sur pied pour la fameuse nuit. Elle voulait parler du moment où Mars serait en opposition avec le soleil par rapport à la terre. C’est lors de ces nuits que l’on voit le mieux l'astre et cela n'arrive qu'une fois tous les deux ans. Elle en rêvait depuis des années et je savais à quel point elle voulait voir la planète d’aussi près. Je savais aussi que les médecins ne la laisseraient jamais sortit de l’hôpital et qu’elle n’arriverait pas à partir seule. Les jours précédents l’arrivée de Mars, elle me demanderait sans aucun doute de l’aider à s’enfuir. Le fait de devoir refuser ou d’accepter me faisait peur. Je n'avais aucune envie de la laisser tomber, mais je ne voulais pas que son état de santé s’aggrave. J’avais peur de mon choix.
Et le moment que je redoutais arriva. Elle me demanda si je pouvais l’accompagner ; mon malaise se fit ressentir. « Les médecins ne peuvent plus rien. D’après eux je ne vivrai pas plus d’un mois. Ils sont d’accord pour me laisser sortir, et j’ai aussi l’autorisation de mes parents. Ils veulent que je la voie avant de partir. » Ces paroles me frappèrent en plein cœur. Elle l’avait pourtant dit sereinement, on aurait pu croire que ça faisait des années qu’elle s’y était préparée. Moi aussi je le savais, je n’avais simplement pas voulu l’admettre, elle allait mourir.
Enfin la nuit tant attendue arriva. Il ne faisait pas trop froid ce soir là. Nous nous étions installées sous des couvertures derrière le télescope. Nous cherchâmes Mars, je ne l'avais jamais vue si énorme. Même à l'œil nu, la voir était simple. C'est seulement le temps de quelques heures que nous remontâmes le temps. Toutes les deux allongées dans l’herbe, nous entrions dans notre petit monde paisible et tranquille comme avant. Le soleil allait bientôt se lever et je remballais nos affaires. Puis je retournai la chercher, elle était debout au milieu du champ, elle me dit quelques mots, et s’effondra.
Depuis, je prends toujours mon télescope, puis je pars la nuit à la recherche d’une petite lumière rouge. Cela me rappelle mon amie, ma merveilleuse amie, si gentille. Elle n’avait fait de mal à personne et ne méritait pas ça. Même si je suis heureuse pour elle, elle me manque. Quand je pense à la joie qu’elle doit ressentir, je souris tristement. Je sais qu’à côté de la planète, il y a une petite étoile qui brille avec plus de volonté que les autres. Elle me l'avait dit, aujourd’hui elle brille au côté de Mars. Cet astre qui nous avait réunies mais aussi séparées.
Lycée sujet 1
Holodomor
Andréa DEMAUFAUCON LEGTA FONTAINES
Je voyais des gens passer quelquefois. Ils ne me regardaient jamais, ne s’arrêtaient jamais. Ils allaient simplement, sans me prêter attention. Je croisais quelques regards méprisants et haineux. Ils venaient de gens bien placés aux grands airs, de petits bourgeois au visage hypocrite. Et des officiers dans leurs uniformes kaki. Surtout des officiers. Ils pourraient me pendre. Ils pourraient m’envoyer au Goulag. Ils pourraient me fusiller. Sans aucun remords, sans la moindre culpabilité. Ils pourraient.
Le vent était glaçant. Ce vent venait du nord-est, des contrées gelées de Sibérie où l’hiver faisait si rage chaque année que les habitants ne peuvent sortir de leurs maisons en terre battue. L’hiver est une saison bien rude pour tous. Nous ne connaissions pas ce froid polaire que l’on trouve au nord près de la mer. Nous connaissions seulement le froid caractéristique du pays, celui qui fait tomber les doigts morceau par morceau tant ils sont gelés, qui fait mourir de pneumonie et qui transforme les corps en glaçons. J’avais vendu mes chaussures pour du pain. Je n’avais gardé que mon manteau trop grand pour me réchauffer fébrilement. Je n’avais plus que cela comme bien. Un pauvre bout de tissu pour tenter vainement de me restituer le peu de chaleur que mon corps avait. Je grelottais et claquais des dents, tel un chant sinistre annonciateur du trépas obscur et froid.
Une charrette passa. Elle était tractée par un cheval bai foncé qui n’avait sûrement pas connu une ration de foin depuis des mois. Je voyais ses côtes malgré son pelage épais et la sueur coulant de ses longs poils bruns se transformant en minuscules stalactites. Il marchait difficilement sur le chemin, ses sabots dérapant sur la glace. Le souffle bouillant sortant de ses naseaux roses formait de petits nuages de vapeur dans l’air. Son dos large et long tractant la carriole était tendu par l’effort. Je voyais que la cargaison était trop lourde malgré sa forte carrure et son encolure contractée par la tension demandée. Ses muscles tremblaient et il peinait à avancer. Il n’avait plus la force de tracter son fardeau pour très longtemps. Un de ses antérieurs glissa et l’animal tomba à genoux. La carriole vibra, manquant de se renverser avec son chargement à l’arrière. La personne qui guidait le cheval accourut alors qu’il se remettait comme il pouvait sur ses quatre sabots. L’homme chaudement habillé palpa les pattes avant de l’animal, puis tira sur la bride, demandant de continuer le périple à travers la neige et la glace.
La cargaison était pesante. Il y en avait une quinzaine environ, empilés les uns sur les autres dans un amoncellement désordonné. Ils étaient tellement amorphes qu’ils s’échappaient quelque peu de la plateforme, ne niant pas la terrible réalité entourant les personnes comme moi. Leurs yeux vides, parfois dévorés par les corbeaux, fixaient les gens avec un regard mort. Leur peau translucide laissait distinguer la maigreur que nous avions tous en ce temps de restriction. Ils étaient nus, leurs squelettes saillants exhibés à la vue de tous, comme une sinistre mise en garde. On leur avait retiré leurs vêtements ; ils profiteront à d’autres. Eux n’en ont plus besoin à présent. Ils étaient morts à cause de la faim qu’on nous imposait à tous. Je ne me leurrais pas. C’était eux. C’était nous. C’était moi.
La charrette surchargée de cadavres passa, me permettant de contempler les champs de blé doré transformés en sol gelé et stérile par l’hiver rigoureux. Les arbres à proximité étaient recouverts de neige, comme chaque année à cette saison. L’air était saturé d’humidité ; je serrais plus fort ma veste contre moi. La faim me tenaillait l’estomac sans relâche. Je n’avais rien avalé depuis des jours. Et cela faisait des semaines que je n’avais pas bu quelque chose d’un tant soit peu chaud. Je comprends cette femme. Celle qui a tué un de ses enfants et l’a fait cuire pour le donner aux autres. Cette faim est intenable.
Je ne remarquai que quelques secondes plus tard cette étrange silhouette sombre. Elle me semblait lointaine mais si proche. Elle avait l’apparence d’un cheval malade et maigre, comme moi, à la robe obscure. Il reniflait le sol et semblait peiner à garder l’équilibre sur la glace. Son allure si décharnée avait quelque chose d’abominablement magnifique pour moi. Sa maigreur inquiétante et repoussante m’attirait malgré tout. Etait-ce le simple fait que cette créature et moi soyons dans la même situation, à dépérir sous le joug de la famine, ou me fascinait-elle par sa démarche majestueuse digne d'une ombre, d’un spectre ? Je me levai sur mes jambes étiques.
Il y eu une détonation mais elle ne me parvenait qu'à peine. Mon ouïe diminuait-elle à cause de ma fin imminente ou étais-je trop absorbé par cet être à la physionomie des plus étranges et des plus splendides ? Une autre détonation retentit. Les officiers sûrement. Un fusillé en plus ou en moins, qu’est-ce que cela change ? L’animal releva brusquement la tête, humant l'air glacial de ses naseaux. Ses yeux scrutèrent nerveusement le décor enneigé et glacé. Il se tourna vers moi et me dévisagea. J’étais loin de lui, mais son regard aussi vide que ceux de la charrette m’observait jusqu'au fond de mon âme. Un son aigu et doux sortit de sa gorge. Je n’avais jamais rien entendu de tel de toute ma vie, mais cela était tellement doux à mon oreille, caressant et délicieux appel invitant à l’obscurité. Il déploya ses ailes squelettiques, semblables à celles d'une immense chauve-souris. Elles étaient si belles que j'en fus immédiatement subjugué. Cette créature était si splendide.
Son nouveau cri se répercuta dans mon crâne alors que je la voyais s'approcher de moi au fur et à mesure. Sa démarche lente et gracieuse lui donnait l’impression de flotter. Il marchait sur la glace sans glisser mais peu à l’aise. Il prit son temps pour ne pas trébucher et me rejoignit sur le chemin verglacé. J’eus tout le loisir de le contempler dans sa globalité.
Ses yeux laiteux et vides plongeaient dans les miens. Sa peau noire, dépourvue de tout pelage, me permettait d’admirer sa corpulence. Maigre n'était pas le mot. Son corps décharné n'était fait que d’os et de peau. Aucun muscle n’était visible, mais cela n’enlevait en rien la beauté pure de la frêle créature. Ses pattes d'une longueur infinie ressemblaient à celles d'une danseuse. Sa respiration réchauffait l’air glacial. Sa silhouette avait quelque chose de silencieux mais cela me convenait parfaitement. Ses ailes, rabattues sur ses flancs osseux, lui donnaient une majesté sans pareille.
Serait-ce le souverain de la mort ? Etais-je donc au terme de ce qu'on appelle une vie ? Que c’est minable. Je ne connaitrai jamais la joie de la retraite paisible, à voir les paysans de mon ancien kolkhoze travailler la terre de leurs mains bourrues. Je ne verrai jamais les rides de la vieillesse me flétrir le visage tel une fleur fanant avec le temps. Je ne contemplerai plus les champs de céréales s’étendant jusqu’à l’horizon. Je ne verrai pas l’avenir du prolétariat dans notre si belle et si puissante patrie. Je ne verrai rien de tout cela.
La Mort est en face de moi, somptueuse impératrice du néant, elle est venue me chercher pour repartir avec moi. Les ténèbres seules m’attendent. Je n'aurai plus faim. Je me repaîtrai des esprits désespérés, ceux des nôtres partis au Goulag pour des raisons si pathétiques. Je les retrouverai là-bas ; ils seront fantômes, ou leurs âmes du moins. Je reverrai ceux que je viens de voir dans cette charrette. Je serai accueilli par ces visages que j'ai longtemps côtoyés durant toutes ces années. Je reverrai grand-père Vadym, tante Nadejda, cousine Yasmina et tous les autres. Ce n’est pas un mal, de mourir. Revoir les êtres chers. Ne plus voir les officiers fusiller un homme à tout bout de champ. Ne plus avoir si faim. Une vie certaine dans la mort.
Son regard blafard et vide continuait de me contempler. Il frémissait. Un frisson me parcourut l’échine. Je voyais son thorax se gonfler et se vider au rythme de sa respiration, à travers sa peau et ses côtes. Lui et moi n’étions pas si différents l'un de l'autre. La maigreur, les yeux immenses et vides, les os si saillants, la mort dans la peau. Nous étions semblables. Nous étions l'un et l’autre.
Des langues de brume couvraient le sol. Je ne distinguais plus ni mes pieds bleuis par le froid mordant, ni les sabots de la fabuleuse créature squelettique. L'air était d’autant plus froid qu’avant et l'animal ne me quittait pas des yeux. Le brouillard s'éleva de plus en plus autour de nous, plus dense à chaque instant passant. Je n’arrivais pas à bouger, pas même à cligner des yeux tant son regard blême me fixait sans aucune expression. C’était pétrifiant mais fascinant. Plus que de la simple fascination, c'était comme une obsession. Ces pupilles opalines me sondant jusqu’à dans mon âme.
Je sentis mes membres s’engourdir avec une lenteur inéluctable, funeste annonciateur de ce que j’attends depuis des jours. Je n’étais pas triste ; je l’attendais avec impatience, cette délivrance. Bien que mon corps si maigre d’alourdît, je sentais mon esprit s'alléger, sortir de mon crâne pour s’élever doucement dans le ciel, tel un flocon de neige parmi ceux tombant sur le sol gelé. Je ne vis qu’un battement d'aile noire, le cri de la Mort, et elle m'emporta avec elle.
Lycée sujet 2, 1er prix ex-aequo
Le fennec des neiges
Gaelle CHABERT Lycée Bonaparte AUTUN
15 h. 27
Sousse, Tunisie
La chaleur est sèche ; les éclats puissants et agressifs du soleil martèlent contre ma tête après quelques heures s’exposition et chaque effort devient plus vite fatiguant. J’aurais aimé aller me coucher à l’ombre ou enfoncer ma tête dans un réfrigérateur mais nous sommes de sortie cet après-midi. Nathalie et Gaëtan ont décidé de faire le marché et de visiter un peu les célèbres souks de Sousse. Ça peut être intéressant, mais j’aurais plutôt envie de faire un saut en Sibérie quelques minutes, histoire de me rafraîchir…
Nathalie sort sa bouteille d’eau toutes les dix minutes, et je parie que ce qui coule dans sa bouche est tiède. Elle porte une robe d’été blanche avec un joli dos nu, de la bretelle entre son cou et sa poitrine, une élégante capeline dorée assortie à ses sandales plates. Sur son sac à dos sont éparpillées des fleurs de toutes les couleurs, un rose pastel brille sur ses lèvres et un bleu tendre sur ses ongles rappelle l’armature de ses lunettes de soleil ; ses cheveux châtains tombent en cascade dans son dos. Nous croisons un grand nombre de femmes toutes couvertes de noir, de la tête aux pieds, et je surprends quelques regards envieux dans sa direction. Elles ont de quoi être jalouse, ça oui ! Sous leurs accoutrements la chaleur doit être insupportable ! Nathalie est belle et elle respire la liberté et la légèreté. Ce voyage au pays du soleil, c’est Gaëtan qui lui a offert pour ses 25 ans. Naturellement et comme partout, elle m’a emmené avec elle. Gaëtan, c’est son petit ami depuis plus d’un an, un brave type très attentionné.
Nous nous apprêtons donc à faire notre entrée dans un souk, une rue assez large qui devient plus étroite au fil de notre avancée. Nous progressons dans un dédale de petites maisons en pierres ocre, contre lesquelles les marchands ont installé leurs produits. Il y en a beaucoup, je vais finir par avoir un torticolis à force de lever la tête… Cartes postales, porte-clés, bijoux artisanaux, épices, « porte-bonheur », vêtements, accessoires… Nathalie jette un coup d’œil vers les sacs à main, ils ressemblent à s’y méprendre à ceux que l’on voit dans les vitrines des grands magasins de Paris, mais ici il n’y a pas de chiffres à trois zéros… Les vendeurs nous sourient, nous invitent à regarder, personne ne me prête vraiment attention mais, lorsqu’ils me voient, ils semblent tous un peu étonnés. Qu’est-ce qui les surprend au juste, voir un husky de Sibérie en Tunisie ? Je ne vois pas le problème, nous avons tous le droit de voyager, et puis, on voit bien des Africains au Canada !
Gaëtan s’attarde devant des cagettes pleines de tortues qu’on arrose tous les quart d’heure ; un maghrébin interpelle les touristes ; « Tortues d’Hermann, vinez, vinez voir mes tortues ! « Il a un accent du pays qui fait ressembler la prononciation de ses « e » à celle des « i ». Quelque chose me dit à voir l’expression de Gaëtan qu’il s’inquiète pour ces animaux. Et ils ne sont pas seuls : des oiseaux en cage observent les gens qui passent, ils ne chantent pas beaucoup… Natalie et moi rejoignons son compagnon, ce dernier paraît bien soucieux… Il poursuit avec un dernier regard vers les animaux, et aussitôt, un marchand s’avance vers lui avec dans les bras un petit animal brun, avec de grandes oreilles et un collier trop large pour son cou. Le basané le lui met dans les bras en soufflant avec son accent qui fait rouler les R : « renard du désert, monsieur ». Mes deux maîtres s’attendrissent face au canidé, ils le caressent, lui touchent les oreilles, sans qu’il ne dise rien. Il se laisse ballotter de bras en bras sans broncher. Je le regarde intrigué, il baisse ses yeux ronds vers moi et demande curieusement : « D’où tu viens toi ? »
« Et toi, t’es quoi au juste ? » je réponds en me redressant un peu pour l’impressionner.
« Moi, je viens du désert, tu n’as jamais vu un fennec de ta vie ? »
« Non, Il n’y en a pas chez moi… ce sont plutôt des renards, leurs oreilles ne sont pas aussi grandes que les tiennes, et ils ne sont pas aussi petits que toi… »
Nathalie le berce dans ses bras et pose un baiser sur son front.
« Ils ont l’air gentils tes éleveurs.» souffle le petit renard avec un regard triste vers eux.
« C’est pas des éleveurs, ce sont mes maîtres. Le tien n’est pas gentil avec toi ? »
« Il veut me vendre, lui, c’est tout. Mais je ne veux pas aller dans ton pays moi… »
« Pourquoi ? Il est bien mon pays, il ne fait pas une chaleur aussi écrasante, il y a beaucoup d’herbe et d’arbres… »
« Mais c’est ici chez moi. Il n’y a qu’ici que je peux vivre à l’état sauvage. Et toi, tu vis où exactement ? »
« En France »
« Je ne pensais pas que c’était aussi froid la France… »
« Ce n’est pas si froid que ça. On a des étés comme vous. Qu’est-ce qui te fait penser ça ? »
« Tu as des poils très épais et sûrement très chauds… et tu ne portes pas la couleur du soleil. »
« La couleur du soleil ? »
Le vendeur parle à Gaëtan et à Nathalie du fennec, cette dernière semble complètement sous le charme du petit renard des sables. Je reprends en m’asseyant contre sa jambe :
« Mes ancêtres viennent de Sibérie. Là-bas il fait très froid…J’ai la couleur de la neige »
« La neige ? Qu’est-ce que c’est ? »
« Tu n’as jamais vu de neige ?! »
« Non, dis moi ce que c’est… » s’impatiente-t-il tout curieux.
« Euh… Bah, c’est blanc, c’est froid, et quand ça fond ça fait de l’eau… »
« La neige fond ? Comme les glaces au soleil ? »
« Oui, c’est ça. »
« Et d’où elle vient ? »
« Elle tombe du ciel, comme la pluie… »
L’espace d’une seconde, je crus qu’il faisait un effort pour se rappeler ce dont il s’agissait. Puis l’animal m’apparut alors avec des yeux imbibés de surprise, d’émerveillement, de rêves. Je devinais qu’il imaginait la neige peuplant le ciel. Il est vrai que c’était un beau spectacle. Nathalie redonna le petit fennec au vendeur après que Gaëtan l’ait prise en photo avec lui ; ses petits yeux noirs brillaient sobrement, plus que lorsque l’on s’est rencontrés.
« J’aimerais bien voir de la neige… » lâche-t-il alors que mes maîtres s’attardent devant le vendeur et le renard.
« Tu n’as qu’à venir chez moi. »
« Mais…tu crois que je vais survivre chez toi ? »
« Pourquoi pas ? »
« Je suis habitué à la chaleur… Je pourrais mourir de froid … »
« Mais non, on te mettra dans une couverture »
« Il faudrait que tes maîtres veuillent bien m’emmener… »
Alors qu’il dit cela, Gaëtan et Nathalie saluèrent le vendeur en commençant à repartir. Je réfléchis à un moyen de les retenir. Pour commencer, je restai assis, si bien que Nathalie dût tirer sur ma laisse pour que je suive :
« Allez Glash, on y va… »
Elle m’encouragea du regard, mais je me tournai vers le fennec qui sembla me supplier, lui, de ne pas le laisser. J’aboyai vers ma maîtresse :
« Glash, qu’est-ce qu’il y a ? Allez viens, on continue. »
Elle tira un peu sur la laisse, mais je restai fermement assis vers le vendeur. « Nathalie, prenons ce fennec s’il te plaît… »
« Ça n’est pas grave… » murmura le petit renard, « tu auras essayé au moins. J’ignorais qu’un étranger serait si gentil avec moi…J’aurais aimé découvrir ton univers. »
« Mais…Je t’aime bien. J’aimerais te montrer ce que c’est, la neige…On pourrait tellement s’amuser… »
« Allez Glash, c’est le fennec qui te retient comme ça…? » grogna Gaëtan impatient. Il s’approcha de moi, s’agenouilla pour me caresser.
« Vas y, ou tu vas te faire disputer... peut-être qu'un jour, on se reverra.»
Je n'y croyais pas trop. De ce petit renard des sables, je me serais bien fais un ami. Le quitter me faisait mal au cœur.
«Je penserais à toi, quand viendra la neige... » promis-je avec une moue déçue.
Gaëtan se releva et tira un peu sur la laisse pour me faire avancer. Je me levais et regardais lugubrement le fennec.
« Viens man gros »
« J'espère te revoir dans mon pays.» murmura le renard.
-Comment tu t’appelles ? » lançai-je alors que mes maîtres m’attiraient derrière eux, et que je m'éloignais de mon nouvel ami du désert.
« Je n'ai pas de prénom. » avoua-il alors que le tunisien qui le portait se détournait doucement.
Je m'exclamai en trottant derrière Nathalie :
« Maintenant, tu t'appelleras Neige ! »
La dernière chose que je vis de Neige, c'était son petit sourire innocent et doux, ses grandes oreilles qui tombaient de chaque côté de sa petite tête et sa longue queue touffue qui dansait contre son ventre.
Nous avons poursuivi notre visite des souks, Nathalie acheta deux porte-bonheur, un tapis aux couleurs de l’Orient, une jolie théière et un pantalon en toile. De mon côté, je n'avais plus goût à rien. Parce que je savais que jamais je ne reverrais Neige, et que jamais Neige ne saurait ce que représentait vraiment son prénom.
Quatre jours plus tard, alors que nous arrivions à l’aéroport de France, Nathalie sembla remarquer que je n'étais plus aussi joyeux et intrépide qu’avant. Nous montâmes dans la voiture, et elle se glissa sur la banquette arrière près de moi.
« Que se passe-il mon Glash ? Tu m'as l'air tout triste… »
« Si tu savais Nathalie ! Si seulement je pouvais te parler…Je t’aurais convaincue, j’en suis sûr, de ramener Neige à la maison. » . Lui et moi étions d'endroits bien différents, son espèce s’était adaptée à la chaleur et à la rareté de la végétation, alors que les miens avaient appris à lutter contre le froid sibérien. Pour autant, Neige et moi serions sans doute devenus de grands amis, si nous n’habitions pas aussi loin l'un de l'autre... Tout ce qui me restait de lui, c’était une photo accrochée sur le frigo.
L'été suivant, Nathalie ayant adoré son voyage en Tunisie avec Gaëtan, ils décidèrent d’y retourner. Nous avons de nouveau été dans les souks de Sousse, mais je n'ai jamais revu mon ami le renard du désert.
Lycée sujet 2, 1er prix ex-aequo
Migrants
Bertille CAUDRON Lycée du Parc des Chaumes AVALLON
Jeunes enfants perdus dans la foule.
Où sont vos pères et mères, êtres si chers ?
Chaque jour, ce sont des centaines qui débarquent par bateaux,
Chaque jour, ce sont des centaines qui se noient dans les flots.
Leurs pays sont en guerre, victimes de maîtres odieux.
Il faut fuir sa patrie pour risquer d'être heureux.
Marcher à s'en détruire les pieds,
Donner plusieurs liasses aux passeurs empressés,
Franchir la frontière, étouffant dans des fourgons,
Migrants vous voilà prêts à tout pour venir jusqu'à nous !
Malades, fatigués, amaigris, assoiffés ;
Espérant un accueil, un logis, à manger.
On vous rejette, on vous repousse,
Comme des bêtes les soldats vous encerclent.
A-t-on le droit de vous traiter ainsi ?
La Terre n'a pas élu de peuple supérieur !
Pourquoi devriez-vous subir de telles injustices ?
Vos pieds souilleraient-ils nos pavés ?
Manquons-nous de place pour pouvoir vous loger ?
Jeunes enfants perdus dans la foule,
Où sont vos pères et mères, êtres si chers ?
Ils sont morts à l'aube, écrasés par un train ;
Ayant simplement l'espoir d'une liberté.
Lycée sujet 2, 2ème prix
L’Etranger
Jade MAUCHAMP Lycée Bonaparte AUTUN
Je m'appelle Nahim, j'ai douze ans, je vis dans un petit village au sud de L'Afrique. Aujourd'hui, comme tous les jours ordinaires, je me lève à cinq heures, prépare le petit déjeuner, m'occupe de mes quatre petits frères et sœurs. Le vieux réveil à pile sonne six heures, il est l'heure de partir, de marcher sept kilomètres pour arriver à l'une des seules écoles de notre pays. Même si je n'ai pas vraiment d'amis, l'école est un lieu où j'aime aller pour apprendre.
Ça y est ! La cloche retentit, il est seize heures, je me dépêche de ranger mes affaires puis je commence à partir en direction de la maison. Arrivé chez moi, débute le meilleur moment de la journée car j'habite près d'une grande plage. Une plage de sable blanc, où une petite brise de vent frais vient atténuer la chaleur étouffante du soleil. Une plage parsemée de galets, où on voit de jeunes gens qui se reposent après une longue journée de travail, on voit un soleil orange taché de mouettes se cacher derrière l’horizon délimité par une mer d'un bleu éclatant. C'est un vrai petit coin de paradis ! Et puis, il y a ce vieil homme, appelé « L’Étranger » car personne ne sait exactement d'où il vient. Cet homme â la peau blanche est, tous les soirs, assis sur un vieil arbre échoué, il est toujours accompagné d'un petit chien noir et blanc. Maman m'a interdit de l’approcher. Au village, tout le monde le croit fou et personne ne lui a jamais parlé.
Ce soir là, comme à mon habitude, je me promenais le long de la plage les pieds dans l'eau. Soudain un chapeau vint se cogner à mes jambes, je le ramassai, et lorsque je me relevai je vis en face de moi l'Étranger. On m'avait dit qu'il faisait peur, qu'il avait les yeux noirs et pleins de cruauté, mais en réalité il avait un visage souriant et de très beaux yeux bleus. Il m'adressa la parole, je ne compris pas un mot, encore trop occupé â l'ausculter de la tête aux pieds. J'étais en train de revenir à moi quand il répéta :
« Bonjour petit, ce chapeau est à moi, le vent l'a emporté. Pourrais-tu me le rendre ? »
Je le lui tendis, il le prit. Je me retournai et je rentrai chez moi sans dire un mot. Cette nuit je ne pus m'endormir, je n'arrêtais pas de penser au vieil homme, à ses paroles, à son visage... Je ne sais pourquoi mais j’avais envie de le connaître et peut-être même de devenir son ami. Le lendemain, la routine recommença, le réveil sonna, je préparai le petit déjeuner... Je pensais à ce soir, qu'allais-je faire ? Lui parler ? L’ignorer comme je le faisais depuis des années ?
Le fameux son de cloche de 16 heures se fit entendre. De retour à la maison, je ne pris pas le temps de manger ce que m'avait préparé maman, je courus à ma chambre me changer pour ensuite aller sur ma plage. Il était là, comme tous les autres soirs, assis. Je décidai de prendre mon courage à deux mains et d'aller m'asseoir à côté de lui. Il laissa échapper un petit « bonjour » à peine perceptible, son petit chien, sans doute un ancien chien errant ayant trouvé une âme seule pour l'accueillir, me regarda un instant puis reprit sa position initiale, face au vent et à la mer. Alors l'Étranger commença à parler ou plutôt à raconter. Oui ! Il racontait une histoire 1 Parfois il s'arrêtait pour poser des questions, mais pas à moi, à son chien « Monsieur Jacques » qui répondait d’un petit jappement plus ou moins enthousiaste. Sans qu'il ait eu besoin de le dire, je compris qu'il racontait son histoire. Celle d'un jeune matelot, ayant parcouru le monde, visité des dizaines de pays, rencontré une multitude de cultures et de peuples. Lorsqu'il racontait j'avais l’impression d’être hors du temps, de vivre ces aventures avec lui sur son bateau avec son équipage. Et puis lorsque le dernier rayon de soleil disparut derrière l'horizon, il s’arrêta. Il me salua, se leva et partit en direction du village, Monsieur Jacques derrière lui. Vu l'obscurité, il devait être 22 heures, j'avais de loin dépassé l'heure à laquelle je devais rentrer, mais ce soir j'étais heureux, non pas parce que j'avais vu l'un des plus beaux couchers de soleil de ma vie, mais parce que j’avais enfin trouvé quelqu'un avec qui dorénavant je pourrais parler, bref j’avais trouvé un ami. Les semaines qui suivirent furent les plus enrichissantes de ma vie. Chaque soir après les cours, je retrouvai Alan (car c'est son nom) et Monsieur Jacques pour de nouvelles aventures à travers le monde, je découvris les cow-boys d'Amérique, les montagnes de l'Himalaya, les dangereux pirates des océans. Parfois l’imaginaire et les contes de fées venaient se mélanger à la réalité du voyage. Et puis c'était à mon tour de raconter, d'inventer, d’imaginer. Alan et moi on rigolait, on rêvait, on pleurait ensemble tous les soirs. Que le vent souffle à arracher les arbres, que la pluie tombe à noyer l'Afrique ou encore que le soleil chauffe à assécher la mer, on était là. Alan était peut être un étranger mais il était la personne que je connaissais le mieux et avec qui je partageais les plus beaux moments. Mais comme disait Alan « Tout moment de bonheur a une fin. c'est ça qui fait de ces moments de précieux trésors,… »
C'était un vendredi soir, cela faisait six mois que chaque soir je rejoignais mes deux amis sur l'arbre échoué ; ce soir là lorsque j’arrivai sur la plage, aucune mouette ne volait dans le ciel, la brise de vent habituelle n'était pas présente, quelque chose avait changé mais je ne savais pas quoi jusqu'à ce que mon regard se pose sur l’arbre échoué. En effet, quelque chose avait changé. Ni Alan ni Monsieur Jacques n'étaient là.
Cela n'était encore jamais arrivé que mes deux amis soient en retard à l'un de nos rendez-vous. Le cœur battant, j'allai m'asseoir sur l'arbre encore humide de la pluie d'hier. J'attendais, regardant tantôt à droite, tantôt à gauche, cherchant la silhouette de mes deux compères. Et puis après plusieurs longues minutes d'attente, j'aperçus enfin, au loin, un petit point noir, c'était monsieur Jacques mais il était seul. Je plissai les yeux pour essayer d'apercevoir un deuxième point noir, mais rien, absolument rien. Quand Jacques arriva à moi, il s'assit à la même place que d'habitude mais cette fois il tourna la tête vers moi. Je vis dans son regard une lueur, pas une lueur d'espoir, mais une lueur de tristesse. Alors je compris, à ce moment là. C'est comme si quelque chose de très lourd était tombé sur moi, comme si quelqu’un absorbait tout ce qui se trouvait en moi, laissant seulement de la tristesse et du vide. Eh oui, ce soir je n'aurais pas droit au visage souriant d'Alan ni à une de ses histoires car Alan ne viendrait pas ce soir et ne reviendrait plus aucun autre soir ...
La cérémonie en l'honneur de mon ami fut courte. Seuls moi, Monsieur Jacques et quelques religieux étaient présents. Le chef du village avait lu le testament dans lequel Alan me désignait pour répandre ses cendres dans la mer, pour que son corps, même séparé de son esprit, voyage encore. Il m'avait également légué Monsieur Jacques qui eut du mal à se faire accepter par mes parents, persuadés qu'il était dangereux. Mais maintenant il fait le bonheur de mes frères et sœurs qui le caressent et jouent avec lui. Comme l'avait demandé Alan, j'avais donc répandu ses cendres dans la mer au coucher du soleil puis tout le monde est rentré chez lui, comme si rien ne s’était passé…
Aujourd'hui, j'ai treize ans, à l'école le professeur nous a demandé de parler de quelqu'un, quelqu'un qui nous a marqué, qui nous a appris, d'une personne qui nous a fait rêver. Alors j'ai parlé d'Alan, au moment où j'ai prononcé son surnom, «L’Etranger », j'ai vu des visages tressaillir, mais je ne me suis pas arrêté de parler et au fur et à mesure que je parlais, que je racontais, ces mêmes visages se décontractaient et parfois même je voyais un sourire s'y dessiner. J'avais envie par ces paroles, de leur montrer, aux autres élèves, aux adultes, que les étrangers n'étaient pas tous des menaces. J'ai dû être convaincant car les jours qui ont suivi, après l'école, certains ont marché jusqu'à trois quarts d'heure pour venir m'écouter parler d'Alan et de ses histoires. Et bien sûr, le fidèle monsieur Jacques est toujours là pour lancer un jappement lorsqu’il est l’heure de rentrer.
Alors voilà, c'est ainsi, qu'Alan, un «étranger» m'a appris ce qu'est l'amitié, le fait de rêver, de voyager, mais surtout qu’être étranger n'est pas un défaut, mais surtout une richesse pour laquelle il faut se battre...