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Meutre au collège

II est sept heures, vingt-quatre minutes et trente-trois secondes, le jour se lève sur ma chambre, au quatre, rue du Chat-qui-pêche.

Aujourd'hui je vais tuer. J'ai une terrible envie de sang. J'ai tout préparé. Je hais tellement ma victime que rien ne pourra me faire reculer. Ceux de son espèce m'ont tant de fois humilié-que ce sera avec plaisir que je porterai le coup fatal.

Je m'habille de vêtements propres, bien que je sache que ce soir, ils seront dans le panier de linge sale, tachés d'un liquide sanguinolent.

Je déjeune copieusement, en ruminant de sombres pensées.

En descendant les marches de l'escalier, je me dis que bientôt j'appartiendrai à la catégorie des hommes dangereux. La catégorie des tueurs. Cela ne m'effraie pas, au contraire, je commence à y prendre goût.

Je marche, observant les silhouettes des inconnus qui gagnent être cachés par l'épais brouillard.

II y a une semaine, j'arpentais cette même rue en sens inverse. L'idée venait de germer dans mon esprit. Le temps passe vite, tant mieux. Je suis déjà devant le collège, vielle bâtisse grise que rien ne pourrait égayer.

Cours de maths. Le prof débite des paroles sans intérêt. Futur assassin. Cette phrase se répercute inlassablement dans mon esprit. Je suis angoissé mais j'ai hâte. La sonnerie retentit. Encore une heure à patienter. Je me range, décidé à n'adresser la parole à personne.

Dans la salle, il règne un silence pesant, on dirait que tous pensent comme moi. Le professeur de géographie nous demande ce qui se passe, fait quelques plaisanteries minables, mais personne ne réagit. Alors il reprend son cours, quelque peu troublé. J'ai envie de le tuer, lui aussi. Mais non, il ne faut pas que je m'écarte de mon chemin. Enfin, onze heures trente. Après la récréation qui parait durer deux heures, l'heure H arrive.

L'enseignante réclame le silence en frappant dans ses mains, puis nous invite à rentrer en cours...

Ca y est. Je l'ai fait. Ma victime n'a même pas poussé une plainte, personne ne m'a remarqué. Désormais, j'appartiens à la catégorie des hommes dangereux. Des tueurs.

J'ai tué la grenouille du cours d'SVT.

Adèle LEPOUTRE et Clara MOREAU (Président et Cœur de Lion)Collège Le Petit Prétan - GIVRY